Comment créer une ville nature, accessible à tous ?
Plusieurs instances et réseaux réunissant, à l’année, des acteurs associatifs, institutionnels, collectifs, partenaires de la Ville de Nantes et de la Métropole pour accompagner les politiques publiques, ont prévu de contribuer au Grand débat « Fabrique de nos villes » en rédigeant un cahier d’acteurs. C’est le cas du Conseil nantais de l’accessibilité universelle et de la Commission métropolitaine de l’accessibilité universelle qui se sont réunis pour une rencontre commune le 14 juin dernier.
Ils sont 10 à plancher cet après-midi là, au dernier étage de Nantes Métropole. Lionel, Anne, Laurent, Maryse, Myriam, Lydie, Hélène, Bruno, Patrick et Yann sont membres du Conseil nantais de l’accessibilité universelle ou de la Commission métropolitaine de l’accessibilité universelle. Ils représentent des structures variées (AMF Téléthon, APAJH 44, AVH, Handicaps acoustiques 44, Ocens, Sep et compagnie, ORPAN) ou juste citoyens engagés. « En travaillant avec nous tout au long de l’année, ils connaissent bien nos politiques publiques et sont de précieux partenaires, souligne Sandrine Castel Biderre, chargée de mission à la direction générale dialogue et transformation de l’action publique de Nantes Métropole. Nous profitons donc de leur expertise pour qu’ils fassent des propositions dans le cadre du Grand débat ».
Nature et accessibilité : est-ce compatible ?
« Concilier nature et accessibilité, c’est possible, pense Lionel qui se déplace en fauteuil. Mais on a besoin de place et il ne faut pas que les herbes rétrécissent notre passage ». Yann, instructeur de locomotion, est du même avis : « Il n’y a pas de frein à végétaliser, juste des normes à respecter et un entretien régulier de la végétation à prévoir ». Pour Anne, malvoyante, la végétation pourrait même servir de guide : « Je trouve agréable de suivre un espace végétal, pas besoin de bande de guidage. Et puis un arbre, ça ne bouge pas : c’est un bon repère ». Lydie pense à la place de l’eau pour rafraîchir la ville : « On pourrait faire revenir l’eau par des petits canaux ». « Commençons déjà par pouvoir mieux cheminer en bord de Loire », remarque le groupe. L’accès aux berges est en effet compliqué pour les personnes en situation de handicap, notamment en fauteuil : « Les pavés sont nos ennemis, rappelle Maryse. Et le dévers nous demande de compenser la trajectoire, c’est très fatiguant ».
« Et si on aménageait une liaison test accessible et végétalisée ? » propose Bruno. L’idée est retenue par le groupe qui la suggère entre un arrêt de tram et un équipement public. Laurent a déjà en tête la liaison 50 otages – Cathédrale via la rue de la Marne et de Verdun : « un lieu emblématique, ce serait bien ». Pour l’ensemble du groupe, « la renaturation est une vraie opportunité au service de l’accessibilité ». À condition que l’on garde en tête les conditions d’une bonne circulation de tous.
Comment créer une ville ouverte et comprise par tous ?
« J’ai encore vu un ouvrier installant une bande podotactile* en cercle, regrette Bruno, qui est malvoyant. Je lui ai expliqué pourquoi elles doivent être droites pour nous indiquer la direction à suivre, mais les instructions venaient de plus haut ! ». « On a la loi de 2005, c’est quand même dommage qu’on en soit encore là, plus de 15 ans plus tard », se désole Patrick. Pour changer ça, les participants sont unanimes : c’est en amont qu’il faut agir, auprès des donneurs d’ordre qui aménagent l’espace public, et donc de Nantes Métropole. « On pourrait proposer la création de référents accessibilités dans chaque direction. Ils auraient l’oreille et l’œil ajustés pour relire les projets avant qu’ils ne se réalisent ». Et pour former ces référents, « rien de mieux que le « Vis ma vie », souligne Anne. On en ressort jamais indemne ». « Si on propose une formation, ils vont nous dire : encore ces handicapés qui nous enquiquinent ! », remarque Bruno. « On n’a qu’à dire qu’on ne fait pas que râler mais qu’on est prêts à s’impliquer bénévolement dans ces formations », ajoute Anne.
L’après-midi touche à sa fin, les grandes idées sont sur la table. « Merci de ces propositions, qui vont nous permettre de rédiger une première version du cahier d’acteurs », indiquent Nina Trapon et Lauriane Paul, chargées d’accessibilité universelle à la direction égalité de Nantes Métropole. « On compte sur votre relecture d’ici la fin juin ! », ajoute Natacha Vincent, responsable de la mission accompagnement et expertise de la direction égalité.
Pratique : Tout comme le Conseil nantais de l’accessibilité universelle et la Commission métropolitaine de l’accessibilité universelle, une dizaine d’instances telles que le Conseil nantais du patrimoine, le Conseil de la nuit, la Conférence métropolitaine des acteurs de l’alimentation ont aussi prévu de produire des cahiers d’acteurs.
Vous êtes un collectif ? Vous aussi donnez votre avis dans un cahier d’acteurs d’ici le 9 juillet au plus tard.
*surface présentant un relief différent perceptible au toucher par les pieds ou à l’aide d’une canne, pour informer et sécuriser les personnes aveugles et malvoyantes lors de leurs déplacements pédestres.
©Crédit photos : Ludovic Failler pour Nantes Métropole