Quels services pour mieux s’adapter aux crises ? Les jeunes rendent leur copie
En mai dernier, 42 jeunes de 15 à 30 ans ont participé à l’un des 3 ateliers « La crise dont vous êtes le héros » proposés dans le cadre du Grand débat « Fabrique de nos villes ». Après avoir exploré divers scénarios de crise – shutdown électrique, crise humanitaire, canicule ou pandémie – 17 d’entre eux se sont retrouvés le 22 juin pour imaginer des services indispensables à l’avenir pour mieux vivre ces crises. Leurs analyses et propositions vont être versées au Grand débat.
Rendez-vous était donné dans la tour du fer à cheval, au bout des remparts du Château des ducs de Bretagne. Un lieu insolite et frais alors que les températures commençaient à grimper dans la ville en cette fin juin. Face aux jeunes participants à cette conclusion de l’atelier « La crise dont vous êtes le héros », les animateurs Julien et Mai-Liên ont rappelé le contexte : « Nous avons mis en récit vos choix joués en mai pour chaque type de crise – shutdown électrique, crise humanitaire, canicule ou pandémie. Puis, identifié ce qui vous semblait désirable en cas de crise. A vous maintenant de vous mettre d’accord sur ce qui est prioritaire pour vous en cas de crise et de la manière dont cela se traduit concrètement (nouveaux services, lieux…) pour y faire face… »
Anticipation et santé mentale, essentiels pour une pandémie
Face à la pandémie, un premier groupe priorise l’anticipation et la préparation – « Ça se passe mieux si on ne réagit pas dans l’urgence ». La culture et l’interculturel semblent aussi essentiels : « Rester chez soi à rien faire nous mine, il faut se divertir et trouver un sens au temps disponible : la culture, ça aide » souligne un jeune homme. La santé mentale est aussi un point majeur : « On a bien vu son importance dans la crise Covid, précise une participante. On ne parlait alors que de santé physique. » « Il faudrait qu’on ait les clés pour cultiver notre santé mentale, ajoute un participant. Ça pourrait s’apprendre à l’école. » Lieux de rencontre dans le quartier, parcours de soin, applis pour s’organiser, le kit commence à se dessiner. Il est temps de laisser la place au second groupe pour qu’il discute et complète ces propositions. On échange les rôles et le premier groupe part découvrir les idées de leurs collègues pour faire face à un autre type de crise : la crise humanitaire.
Médiateurs et points d’information en cas de crise humanitaire
Ceux-ci ont pensé à des médiateurs dans la ville pour assurer information et sécurité, mais aussi à un parcours avec une signalétique qui indique les lieux utiles. Ils proposent aussi d’héberger les migrants dans des lieux « beaux », emblématiques de la ville. « L’importance de la beauté m’échappe vraiment, s’étonne un participant. Pour moi, l’efficacité vient avant l’aspect. » « Pourtant le beau, c’est important pour ta santé mentale », réagit une autre. « Mais à quoi sert le beau si tu es tout seul ? note sa voisine, moi je privilégierais le convivial. » Toutes et tous se retrouvent par contre autour de l’idée de médiateurs : « On pourrait créer des équipes avec des spécialités : un interprète, un spécialiste de la gestion des conflits, du logement… » Quant à l’idée de parcours, le groupe imagine plutôt des points d’info fixes, comme dans un festival : « On y recenserait l’offre apportée par les habitants, on pourrait aussi expliquer comment on a dépassé les précédentes crises pour communiquer sans inquiéter ».
Débitumer, adapter les logements et les horaires pour répondre à la canicule
Troisième crise en vue : une canicule de plusieurs semaines. Le groupe parle de végétaliser et débitumer la ville, de constituer des réserves d’eau fraîche pour tous et d’adapter les logements « pour réussir à dormir la nuit ». « Pour éviter les clims individuelles, on pourrait aussi prévoir des espaces frais mutualisés… et réquisitionner les piscines privées, » propose un participant. Nouvel échange de groupe et réactions à ces premières pistes : « Ils n’ont pas parlé de la santé ? Ni d’inverser les horaires de travail ? », réagit le nouveau groupe. « La réquisition des espaces privés pose trop de problèmes, sauf peut-être pour les locaux des entreprises ». Il y a unanimité par contre pour débitumer : « Les trottoirs pourraient être en herbe, même s’il faut garder des accès pour les livraisons des commerces en centre-ville. » Face à l’augmentation des espaces verts, proposition est faite que chaque habitant entretienne son bout de trottoir. « D’accord pour faire ma part, si la ville va dans le bon sens partout et ne bitume pas ailleurs » tempère une jeune femme.
Une contribution collective et de qualité, versée au Grand débat
« Nous allons synthétiser tout votre travail, en faisant attention à faire ressortir les pistes prioritaires, mais aussi les controverses », concluent les animateurs de la soirée. Claire, qui a joué la crise caniculaire, est plutôt contente de cet épilogue : « On a vraiment concrétisé des idées qui avaient commencé à émerger lors de la phase de jeu. Évidemment, je me sens hyper concernée par ce sujet. » Maxime est, lui aussi, plutôt satisfait : « Les récits de jeux étaient réussis, j’ai bien aimé cette phase conclusive, avec plus de controverses que la première étape. Normal, on a commencé à toucher des points sensibles. Maintenant, je vais m’assurer que la restitution sera fidèle, qu’elle fera honneur à notre participation citoyenne. » Et son voisin Mathieu d’ajouter : « On a produit une contribution de qualité et collective, j’espère vraiment qu’elle sera prise en compte. »