Retour sur le rendez-vous annuel de la Stratégie nantaise des nouvelles solidarités
En 2022, se tenaient les Assises des nouvelles solidarités pour lutter contre la précarité et l’isolement social. La collectivité revient annuellement vers les participants, dans le cadre du droit de suite, pour présenter les réalisations concrètes. Retour sur cette édition.
Ce sont plus de 150 personnes – habitants, associations, professionnels et élus – qui se sont retrouvées le 4 décembre dernier pour faire le point sur les initiatives nées des Assises des nouvelles solidarités, qui se déploient petit à petit à l’échelle de la ville de Nantes à travers la mise en œuvre de la Stratégie 2023–2026 du même nom. L’événement était organisé autour de trois thèmes :
- Mieux accéder à ses droits
- Lutter contre l’isolement des seniors
- Mieux coopérer entre acteurs de la solidarité
Mieux accéder à ses droits
Ce rendez-annuel a démarré par la mise en lumière d’un enjeu national majeur : le non-recours aux droits. En France, plus de 30 % des personnes pourtant éligibles à certaines aides sociales n’en font pas la demande, selon l’Odenore(1) et la Drees(2).
Par ailleurs, à Nantes, la situation sociale se tend également avec de plus en plus de ménages qui demandent l’aide du centre communal d’action sociale (hausse de 20 % depuis janvier).
Pour répondre à cette augmentation tout en réduisant les obstacles à l’accès aux droits, la Ville a renforcé sa présence de proximité, conformément à son engagement n°2 de la Stratégie nantaise des nouvelles solidarités “lutter contre le non-recours aux droits en permettant aux habitants d’activer leurs droits, au plus près de chez eux et en misant avant tout sur la relation humaine”. Le CCAS a ouvert deux nouveaux guichets (Dervallières et Nantes Nord). Leur mission : accueillir les habitants, faire un diagnostic de leurs droits et les orienter vers les organismes compétents, comme la CAF ou la CPAM. Si nécessaire, les aides du CCAS peuvent aussi être mobilisées. En parallèle, de nouveaux opérateurs et opératrices de quartier vont à la rencontre des habitants. Ils tiennent des PIN’s – Points d’Informations Nantes Solidaire dans l’espace public ou lors de permanences associatives. Également, le CCAS a changé ses critères d’aides pour mieux tenir compte du « reste à vivre » des familles.
Face à la montée des situations de grande précarité et d’errance, une nouvelle réponse voit le jour : l’Équipe Mobile d’Aide (EMA). Organisée en binômes mêlant compétences sociales et médicales, cette équipe interviendra dans la rue dès janvier prochain, du lundi au vendredi, de 9h à 19h, pour rencontrer et orienter les personnes sans abri vers les soins ou les dispositifs sociaux adaptés.
Mieux lutter contre l’isolement des seniors
À Nantes, plus de la moitié des personnes de 75 ans et plus vivent seules. En parallèle, les difficultés pour se déplacer augmentent le risque de repli sur soi. Face à ce constat, la Stratégie des nouvelles solidarités s’est donné comme engagement (le 5e) de “lutter contre les solitudes non choisies et l’isolement social”.
Le projet Nantes en Compagnie vient répondre à cet enjeu pour aider les seniors à rompre avec la solitude. Porté par le groupement Orpan, Bénénova et les Petits Frères des Pauvres, il s’adresse aux personnes de 65 ans et plus, isolées ou ayant du mal à se déplacer. Des bénévoles de tout âge les accompagnent pour leurs sorties et déplacements du quotidien : courses, rendez-vous médicaux ou administratifs, loisirs. Accessible via une ligne téléphonique dédiée ou une plateforme numérique, le service sera opérationnel en septembre 2026 et couvrira toute la ville.
Le projet mise sur la création d’un lien de confiance entre le bénévole et le senior pour ensuite proposer une ouverture vers d’autres activités créatrices de lien social via, par exemple, le dispositif solidaire Carte blanche. Comme le souligne Hélène Mauchrétien, directrice de l’Orpan et copilote du projet : « Nantes en Compagnie n’est pas seulement un dispositif d’aide à la mobilité. C’est aussi un travail de remise en confiance et de réassurance dans sa vie quotidienne. »

Renforcer les coopérations solidaires
Conformément à l’engagement n°7 de la Stratégie nantaise des nouvelles solidarités, la Ville de Nantes soutient les nouvelles solidarités. C’est le cas du projet “Plus qu’un radis” qui illustre une coopération réussie en faveur d’une amélioration durable et accessible.
Rassemblant neuf acteurs de l’agriculture biologique et de l’aide alimentaire, il permet aux structures de l’aide alimentaire de passer d’un modèle de don à un modèle d’achat de produits bio et locaux. Ce faisant, il garantit une nourriture plus saine et diversifiée pour les personnes aidées tout en assurant une juste rémunération pour les agriculteurs. Au-delà de l’assiette, la coopération crée du lien en proposant entre autres des visites de fermes.
« La joie des publics qui découvrent des produits de qualité, auxquels ils n’ont pas accès habituellement, est réelle, explique Deborah Heller Mutricy, directrice du Diaconat Protestant et co-pilote du projet. Les bénévoles, eux aussi, y trouvent un regain de sens en proposer des produits beaux et du choix. Ce projet permet aussi de faire de la pédagogie autour des produits, et les fermes peuvent diversifier leurs débouchés et gagner en stabilité. »
Les projets portés par la Coopérative nantaise des nouvelles solidarités
Issue d’une expérimentation menée en 2024, la Coopérative nantaise des nouvelles solidarités réunit une communauté d’une trentaine d’acteurs de cinq univers (associations, habitants, acteurs économiques, collectivité, acteurs de l’intérêt général). Depuis avril, elle fonctionne comme un espace de rencontres, d’entraide et d’incubation de projets, autour de quatre principes : croiser les univers, coopérer, innover, agir concrètement.
Chaque membre apporte des ressources et s’engage dans au moins un projet collectif. Parmi les projets déjà lancés, on peut citer :
- “Un Dimanche à Gambetta” : ouverture d’un lieu inutilisé ce jour-là pour des repas et activités partagés ;
- “Les Ambassadeurs des solidarités” : aller à la rencontre des personnes isolées ;
- “Les Escales solidaires” : découverte participative de structures de solidarité.
La coopérative travaille également à définir sa gouvernance permanente, encore sans statut juridique. Une gouvernance temporaire sous forme de commission assure depuis 2025 le suivi quotidien des projets. Selon Véronique Michaud, coordinatrice au CCAS, « la communauté actuelle d’acteurs restera stable jusqu’à l’été 2026 pour consolider la dynamique avant d’accueillir de nouveaux membres ».
(1) L’Odenore (Observatoire des non-recours aux droits et services) est un dispositif de recherche du laboratoire de sciences sociales PACTE et de l’Université Grenoble-Alpes qui a pour but d’observer, d’analyser et de diffuser des connaissances relatives à la question du non-recours dans les domaines des prestations sociales, de la santé, de l’insertion sociale et professionnelle, de l’autonomie, de la médiation sociale, des déplacements, de la lutte contre les discriminations, etc.
(2) La Drees (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques) est le service statistique ministériel dans les domaines de la santé et du social.
Crédits photos : Solveig Lecouturier pour Nantes Métropole