Pour disposer d'une connaissance fiable des solidarités, au plan national et sur le territoire nantais, vous pouvez télécharger le document de décryptage des Assises des nouvelles solidarités.
▶ Solidarités : de quoi parle-t-on ?
Charité, mutualisme, philanthropie, sécurité sociale, syndicalisme, luttes féministes, solidarité universaliste des organisations caritatives et humanitaires, solidarités familiales, de proximité...
Les solidarités sont plurielles, et se basent sur des conceptions de l’humain, de la société ou des idéologies différentes. Elles sont portées par des valeurs diverses, peuvent s'opposer ou se compléter. Selon l'époque, les événements historiques, les rapports de force, des formes de solidarité deviennent temporairement majoritaires, au détriment d’autres. La crise sanitaire de 2020 a été un moment de croisement, parfois de convergence, entre ces différentes formes de solidarité. Les associations, les collectifs, la puissance publique ou les entreprises se sont parfois mobilisés ensemble. Des coopérations inédites sont nées durant cette période.
▶ Qu'est-ce que la précarité ?
Selon Joseph Wresinski, fondateur du mouvement ATD Quart Monde, « La précarité est l'absence d'une ou plusieurs des sécurités (revenus suffisants, emploi garanti, niveau d’éducation, logement stable, relations sociales, etc.) qui permettent aux personnes d'assumer leurs responsabilités élémentaires et de jouir de leurs droits fondamentaux.[...] Elle conduit [...] à la grande pauvreté quand elle affecte plusieurs domaines de l'existence, qu'elle se prolonge dans le temps et devient persistante. »
La précarité sont globales, et pas seulement financières : dépossession du pouvoir d’agir (les souffrances et le combat quotidien empêchent d’agir sur sa propre trajectoire de vie), privations (manque de travail décent, revenu insuffisant, privations matérielles, d'accès aux droits), relations dégradées (jugement négatif de la société, maltraitance des institutions...)
La mesure de la pauvreté, qui fait ou non bénéficier une personne de la solidarité nationale, fait débat. La pertinence de l’indicateur du seuil de pauvreté (60% du niveau de vie médian, soit 1062 €) est interrogé par certains experts et acteurs. D’autres mesures, tel que le budget de référence, sont à explorer : des citoyens représentatifs des différentes catégories sociales définissent le socle minimal de biens et de services qui, selon eux, garantissent une vie digne.
▶ Qu'est-ce que l'isolement social ?
Il existe différentes définitions de l'isolement social.
Selon le Conseil Économique Social et Environnemental, « l’isolement social est la situation d'une personne qui, du fait de relations durablement insuffisantes dans leur nombre ou leur qualité, est en souffrance et en danger. » La Fondation de France utilise la définition suivante dans son baromètre des solitudes 2020 : « sont considérées comme étant isolées les personnes qui n’ont de contacts de visu que quelques fois dans l’année ou moins avec les membres de ces cinq réseaux de sociabilité : famille (ne résidant pas sous le même toit), voisins, amis, collègues de travail, personnes au sein des associations éventuellement fréquentées. » Selon la Fondation de France (baromètre des solitudes 2020), 7 millions de françaises et français sont concernés en 2020, soit 14% des plus de 15 ans, avec une forte progression depuis 2010 : + 3 millions de personnes.
L’isolement social progresse depuis les années 1970-1980, cela peut s’expliquer par plusieurs tendances lourdes : mobilité accrue des individus, individualisation des trajectoires, disparition des lieux et moments de sociabilité, perte de repères, accélération généralisée du temps, extension de la logique marchande...
L’isolement social touche tout le monde mais différemment selon les publics et les conditions de vie : les personnes en situation de précarité ou de pauvreté sont plus touchées, l’isolement augmente avec l’âge mais les jeunes ne sont pas épargnés, les problèmes de santé et de mobilité favorisent l’isolement social.
Les facteurs de l’isolement social peuvent se cumuler : ruptures dans la trajectoire de vie, pauvreté, problèmes de santé, problèmes de mobilité, retrait de la vie publique...La crise sanitaire a induit un changement notable d’attitude vis-à-vis des autres, dont une prise de conscience renouvelée de l’attention portée aux proches (famille et amis) et au voisinage.
La crise sanitaire a induit un changement notable d’attitude vis-à-vis des autres, dont une prise de conscience renouvelée de l’attention portée aux proches (famille et amis) et au voisinage.
▶ Les Chiffres clés du Nantoscope 2021 (analyse des besoins sociaux)
Le Nantoscope est le portrait social de la ville de Nantes. Il a été réalisé par le COMPAS en décembre 2021 et s’appuie sur des données statistiques et des remontées de terrain, grâce aux réponses à un questionnaire diffusé auprès d’acteurs de l’action sociale et du champ des solidarités. Quelques données éclairantes ci-dessous :
- Si Nantes est classée la 4ème ville avec le taux de pauvreté le plus faible sur les 11 plus grandes villes françaises, juste derrière Paris, Lyon et Bordeaux (entre 15 et 16%), la pauvreté augmente et touche de nombreux ménages.
- 17% des nantais vivent sous le seuil de pauvreté en 2018 (46 260 personnes), dont :
- 32% de familles monoparentales,
- 20% de personnes seules,
- 12% de personnes âgées de 60 à 74 ans et 7% des personnes de plus de 75 ans.
- 14 040 jeunes de 15-24 ans non scolarisés sont recensés à Nantes en 2017 et parmi eux 36% sont en recherche d’emploi ou inactifs.
- À Nantes, le seuil de pauvreté a augmenté de 2% entre 2012 et 2018.
- 19 040 nantais vivent en situation de “quasi pauvreté” (revenus supérieurs à mensuels de 200€ au-dessus du seuil de pauvreté).
- Sur les remontées des acteurs de terrain ayant répondu au questionnaire du nantoscope 2021, 56% des répondants considèrent que la crise a aggravé la précarité économique et 39% estiment que la crise a fait basculer de nouveaux publics dans la précarité, notamment auprès des étudiants et jeunes diplômés, des retraités, des auto-entrepreneurs et des commerçants.
Télécharger la synthèse détaillée du Nantoscope 2021
▶ L'enquête « Inégalités, solidarités et engagement »
En amont des Assises des nouvelles solidarités, la Ville de Nantes a lancé une grande enquête « Inégalités, solidarités et engagement » auprès de 1100 Nantais, réalisée par téléphone au cours du mois de novembre 2021, par le cabinet TMO.
Les objectifs de cette enquête sont :
- Évaluer l’incidence de la crise sanitaire sur la perception de la précarité, de l’isolement et des solidarités ;
- Caractériser les différentes formes d’engagement solidaire ;
- Identifier les leviers susceptibles de favoriser la mobilisation des Nantais.
L’enquête démontre que :
- la crise a renforcé l’attention porté aux proches et l’engagement solidaire : 63% des Nantais déclarent que la crise les a rendus plus attentifs à leurs proches et 48% qu’elle les a « rendus plus attentifs aux personnes vivant autour de chez eux »
- les Nantais sont particulièrement sensibles et préoccupés par les inégalités et leur aggravation : 44% des Nantais se préoccupent “beaucoup” des inégalités, et 36% “un peu”. Comparativement à d’autres territoires, ils estiment plus souvent que les personnes en situation de précarité ne sont pas responsables de leur situation et sont victimes des injustices sociales.
- que le « déclic de solidarité » généré par la crise a des perspectives durables au-delà de la crise. Ainsi, 58 % des Nantais souhaiteraient s’engager davantage en faveur des personnes en difficulté – 22% “certainement” et 36% “peut-être”.
▶ Quelles idées venues d'ailleurs ?
Le territoire nantais est riche de ses solidarités. Cette richesse sera présentée tout au long des Assises des solidarités, notamment sur le « Parcours des solidarités » proposé en clôture de la démarche. Pour inventer les nouvelles solidarités de demain, il est aussi intéressant de porter son regard sur d’autres territoires, en France comme à l’étranger. Voici quelques démarches novatrices. Vous aussi, témoignez de démarches innovantes que vous avez repérées.