Vers un espace public égalitaire : citoyennes, citoyens et associations ont dialogué sur la question

Jeudi 20 mars, une cinquantaine de personnes, membres de la communauté citoyenne, représentantes et représentants d’associations, agentes et agents de la Ville, se sont réunies pour travailler sur un sujet d’actualité : comment rendre l’espace public égalitaire et accueillant pour toutes et tous ?
Et si… on transformait les toilettes publiques en toilettes mixtes et accueillantes ? On changeait les représentations et symboles sexistes qu’il peut y avoir dans l’espace public ? On faisait de l’espace public un espace de sensibilisation « percutante » ? On garantissait à toutes et tous de trouver du soutien rapidement sur l’espace public ? On diversifiait les usages des lieux occupés majoritairement par les hommes ? On développait des aménagements pour des déplacements plus sûrs et agréables ? On améliorait l’ambiance de l’espace public (éclairage, couleur, nature) en ville ? On créait un espace public favorable à la petite enfance et à la parentalité ?
L’espace public n’est pas égalitaire
Autant de questions, autant de réponses potentielles à un problème bien connu des villes au niveau national et international, et encore confirmé par l’évaluation en cours depuis septembre 2024 dans la métropole : l’espace public n’est pas égalitaire, les femmes et les personnes LGBTQIA+ ne s’y sentent pas toujours ou partout à l’aise. Elles doivent fréquemment adopter des stratégies d’évitement de certains lieux ou situations et adapter leur comportement pour se prémunir contre de potentielles violences verbales ou physiques : « Dans l’espace public, je suis souvent dans l’hypervigilance, surtout le soir ou dans les transports en commun », « je refuse de céder à certaines peurs mais cela implique d’adapter mon comportement, de réfléchir aux habits que je porte, aux clefs dans la main, aux écouteurs dans les oreilles sans musique pour entendre en faisant mine de ne pas entendre… »
« Il y a du boulot ! résume Didier, membre du réseau de la ville non sexiste. C’était presque trop court, trop rapide, mais c’est toujours intéressant d’échanger. »
Liam, de l’association Ecos, est « content de voir que les gens se mobilisent. »
Exemples et idées
Que peuvent faire la Ville de Nantes et la métropole nantaise pour remédier à ce problème ? Jeudi 20 mars en soirée, huit groupes formés de membres de la communauté citoyenne (composée de femmes et de personnes LGBTQIA+, de représentantes et représentants d’associations et d’agentes et agents de la métropole) se sont attelés à la question durant une heure d’atelier intensif. Autour du grand poster étalé sur chaque table, une par thématique, les discussions sont animées. On se lève pour mieux voir. Chacune et chacun s’exprime, apportant exemples et idées. Les animateurs et animatrices de Planète publique et la 3ème Main ont apporté pour chaque thématique des images de réalisations glanées ailleurs en France ou dans le monde. Des pistes à suivre ou à écarter, ou dont s’inspirer ? Les posters se couvrent de notes, schémas, dessins…
« J’ai été invité parce que j’avais répondu à une interview sur la prise en compte du genre dans l’espace public, raconte Clément, agent de la Ville. Faire de l’espace public un lieu accueillant pour tout le monde est un sujet qui m’intéresse. Le format était bien, j’ai entendu des idées et remarques pertinentes à propos de problèmes dont je n’avais pas conscience. »
Un référentiel et un guide technique d’aménagement de l’espace public
En fin de séance, on fait tourner les posters pour présenter aux autres groupes le résultat du travail. Les discussions sont parvenues à dégager pour chaque question posée une proposition prioritaire à faire aux élues et élus. Le résultat du séminaire alimentera le rapport d’évaluation qui leur sera remis en avril et qui sera utilisé par la Ville de Nantes pour rédiger un référentiel précisant les ambitions d’un espace public non-sexiste. La Métropole s’en servira pour élaborer un guide technique d’aménagement de l’espace public sensible au genre.
Stéphanie, membre de la communauté citoyenne : « Ce type de concertation permet de s’écouter les unes, les uns, les autres. C’était génial, on était là pour le vivre ensemble, on a pu imaginer des choses, conclure que les injonctions ne sont pas très utiles, mais que l’information distillée partout sous des formes légères et pourquoi pas ludiques peut faire avancer les choses. »
« Je suis très impressionnée par le nombre et la diversité des participantes et participants, se réjouit Nathalie Leblanc, conseillère métropolitaine en charge de la thématique égalité femmes-hommes. La Métropole n’est pas omnisciente, l’expertise d’usage est précieuse pour aiguiller nos décisions. »
Crédits photos @Tim Fox pour Nantes Métropole