Un café-débat pour interroger la place de la nature dans les Futurs de l’Hôtel-Dieu
Mercredi 11 novembre, l’espace coopératif du Grand Bain accueillait le deuxième café-débat de l’inspiration citoyenne sur la reconversion de l’Hôtel-Dieu. Pour nourrir les échanges sur le sujet de la nature en ville, Thomas Cochini producteur de sons du vivant et Mathieu Cornut, ingénieur en paysage et chargé d’études “nature en ville et foresterie urbaine” étaient les invités du soir.
Dernières inspirations partagées avant la Commission Citoyenne.
Avec ce café débat et le prochain prévu le mercredi 18 décembre au Grand Bain ( “Comment vivre et habiter l’Hôtel-Dieu dans une ville en transition ?), c’est une programmation dense et diversifiée, documentée et créative,qui touche maintenant à sa fin… Au rendez-vous, nombreux étaient ceux qui d’ailleurs avaient déjà participé à d’autres temps de la démarche d’inspiration : balade urbaine, grand atelier citoyen, etc.
Une question pour amorcer le débat : “Après le bitume, la nature ?”
La première partie de la soirée a permis à chaque invité de partager son univers. C’est dans un format intimiste que les intervenants, les citoyennes et les citoyens étaient réunis pour échanger leurs perceptions et soulever les interrogations amenées par l’enjeu de “la nature en ville”. Un débat animé par l’agence de concertation Bien Urbaines avec des participants, Nantais depuis toujours et nouveaux Nantais, habitants de la métropole, tous sensibles au devenir de l’Hôtel-Dieu, comme aux questions de biodiversité, de végétalisation, de rapport de l’Homme au vivant…
Une rencontre inspirante avec les invités et leur relation singulière à la nature.
Thomas Cochini et les bruissements du vivant.
C’est avec sa casquette d’artiste que Thomas Cochini, agronome de formation, a révélé son univers de pop végétale et d’audio-naturalisme qu’il pratique à l’écoute du vivant, en capturant ses moindres sons à l’aide de divers micros. “La notion de nature en ville m’interroge beaucoup… c’est une forme d’oxymore.(…). En tant qu’artiste, ça me ferait plaisir de voir un périmètre interdit aux humains, débitumé, où les graines en dormance pourront s’exprimer.”
Mathieu Cornut et l’arbre en ville.
Invité pour son expertise du patrimoine arboré, co-auteur de la “Charte de l’Arbre”, membre de l’association angevine Plante et Cité, et bénévole de l’association nantaise Repousse, Mathieu Cornut a souhaité mettre en lumière la règle des 3–30–300 : être en mesure de voir 3 arbres par sa fenêtre, dans une ville où la canopée occupe 30% de la surface et pouvoir accéder à jardin ou un parc à moins de 300 mètres. Une règle dont des études ont démontré qu’elle favorise le bien-être des habitants, et est une invitation à la marche à l’échelle d’un quartier.
3–30–300Dans la feuille de route du Grand Débat sur la Fabrique de nos villes cette règle est devenue une des actions qui engagent la collectivité pour une Métropole de la nature et du vivant (Action 14 de la balise 1). |
Quelle place donner au vivant dans la reconversion du site de l’Hôtel-Dieu ?
Le café-débat a permis à chacun de donner sa définition de la “nature” et de raconter son expérience personnelle de ce qu’est la nature en ville, en échange avec les invités :
“Nous ne sommes jamais que des grands singes. Opposer la nature et l’humain, plus ça va moins ça a de sens… Ce que je voudrais c’est qu‘on fasse un peu de place, qu’on soit capable de la posture du colocataire et plus du propriétaire.“
Martin*
“Nous on est un élément de la nature, on en fait partie. On est pas juste à côté, soit à vouloir la conserver ou la regarder…” Paul*
L’expression d’une nature précieuse, libre et spontanée.
Les échanges ont permis de faire émerger des notions, des priorités, des alertes et des visions comme la “cohabitation avec le vivant”, la “conservation” de la biodiversité, le “vivant non humain”, la Loire comme corridor écologique, espace naturel ressource pour l’avenir du site…
“Il y a l’étoile verte. Et la Loire est une de ses branches. Il faut s’appuyer là-dessus, la faire entrer dans l’îlot.” Stéphane*
Les contraintes rencontrées pour faire une vraie place à l’arbre en ville, donc sur le site du CHU, ont aussi été détaillées et rééclairées par Mathieu Cornut. De nombreuses fois, il a été fait référence à la nécessité de créer des espaces préservés totalement de l’Homme, comme la Petite Amazonie, et à un retour de la nature par elle-même, apprécié par les citoyens, comme au square Mabon sur l’île de Nantes, de façon spontanée et libre.
“Pour le projet, il faut déjà faire avec ce qu’il y a d’existant et laisser ouvert… Dans les bâtiments, on peut laisser un étage, tout en haut, une terrasse, et on peut laisser faire la nature.” Elie*
En mars 2025, un Carnet des inspirations sera remis aux élus.
Derniers rendez-vous de l’offre d’inspiration citoyenne sur les Futurs de l’Hôtel-Dieu, les cafés-débat clôturent la démarche de découverte et de compréhension du site et de ses enjeux, initiée en septembre. Ils laissent désormais place au lancement de la Commission citoyenne. Ses 18 membres, réunis sur des critères de diversité, vont ensuite analyser les contributions et formuler des « ambitions citoyennes » dans un carnet des inspirations. Celui-ci sera remis à la collectivité et aux élus référents en mars 2025.
*les noms ont été modifiés.
Crédit photos : Ludovic Failler pour Nantes Métropole.