Tribunal pour les générations futures : la longévité est-elle une arnaque ?
Jeudi 16 mai, le magazine Usbek & Rica organisait, pour le lancement du Festival Citoyen, une soirée sous forme de procès. Un format inédit proposé sur la métropole nantaise pour la première fois. Sur le banc des accusés : la longévité.
Un format inédit : une première dans une collectivité !
« C’est une entrée en matière originale, parfaite pour ce débat qui a à cœur d’impliquer toutes les générations », annonce Johanna Rolland, maire de Nantes et présidente de Nantes Métropole, en préambule de cette conférence-spectacle. Pendant deux heures, greffier, avocate et procureur vont tenter de répondre à cette question volontairement provocatrice : « la longévité est-elle, oui ou non, une arnaque ? ».
Pour les aider, des spécialistes du sujet : Gilles Berrut, professeur d’université et médecin au CHU de Nantes, George Hervouët, président de l’association Old-Up Nantes, Valérie Audegond, conseillère à la CCI Nantes-Saint Nazaire et Corinne Hirsch, co-fondatrice du Laboratoire de l’égalité. Ces précieux témoins se succèdent donc à la barre, les points de vue se multiplient, s’opposent parfois. Arguments et contre-arguments fusent, devant l’ensemble de l’audience et un jury composé de 5 personnes issues du public.
Les codes judiciaires au service du débat d’idées
Lien intergénérationnel, opportunités de la « silver économie », dépendance physique, autonomie intellectuelle, statut des aidants, inégalités entre hommes et femmes face au vieillissement, etc. Les deux parties jouent l’affrontement pour explorer les différents visages de la longévité. Une façon ludique et vivante de traiter cet enjeu d’avenir. Au moment du verdict, l’intervention de Corinne Hirsch résonne encore dans la salle :
« Pour les femmes, qui vivent plus longtemps que les hommes, mais dans des conditions bien moins satisfaisantes, la longévité est une arnaque ».
Entre aussi en compte la question des aidants, composés à 62 % de femmes contre 38 % d’hommes.
Malgré tout, à trois contre deux, les jurés votent non coupable : la longévité serait avant tout source de possibilités. Comme le souligne en effet Gilles Berrut :
« La vieillesse est une étape de la vie. La société doit encore apprendre à accepter et intégrer les fragilités, mais le tableau est plutôt encourageant ».