Solidarités : « TAMO, un lieu pour lutter contre la précarité et l’isolement »

Nantes Nantes Métropole, le 16 mai 2022

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Au 102 rue Saint-Jacques, le mouvement d’éducation populaire et nouvelle des CEMEA Pays de la Loire (Centres d’Entraînement aux Méthodes d’Éducation Active), propose un accueil de jour aux jeunes exilé.e.s de 16 à 25 ans vivant à Nantes. Elsa Pavageau en est la responsable. Elle témoigne de la façon dont ces jeunes ont donné leur avis dans le cadre des Assises des nouvelles solidarités, afin de lutter contre la précarité et l’isolement et tendre ainsi vers une vie meilleure.

En quoi les CEMEA développent-ils des actions de solidarité ?

Les CEMEA sont un mouvement d’éducation populaire engagé pour transformer les territoires par la mise en action des individus. Nos actions solidaires vont de la création de terrains d’aventures en libre accès dans les quartiers, à un lieu d’accueil enfants-parents, une coopérative jeunesse de territoire, une carriole numérique pour se connecter ou imprimer des documents ou bien la Maison du Libre où nous réparons des ordinateurs pour les prêter. Nous formons des groupes de jeunes Roms et Français en Service Civique à l’intervention dans les bidonvilles autour de Nantes (projet Tinesol), nous organisons des échanges avec des volontaires Palestiniens et Tunisiens et nous œuvrons pour une plus grande accessibilité des formations BAFA. C’est dans cette dimension solidaire que s’insère l’accueil de jour pour jeunes exilé.e.s TAMO, contraction de Talatala Mokili, « Miroir du Monde » en Lingala.

Comment fonctionne cet accueil de jour ?

Chaque après-midi du lundi au vendredi, nous accueillons des jeunes exilé.e.s de 16 à 25 ans. En fonction de leur parcours juridique et de leur prise en charge ou non par l’Aide sociale à l’enfance, le projet souhaite apporter à ces jeunes une réponse convenable à leurs nombreux besoins. Nous avons créé ce lieu soutenu par le département de Loire-Atlantique, la Ville de Nantes et les associations du collectif Mineurs Non accompagnés 44 (Médecins du Monde, Secours Catholique…). TAMO est un accueil inconditionnel de jour où l’équipe propose des sorties culturelles, des projets collectifs (vacances, expressions), de l’accompagnement social et scolaire. Le but est de réduire les risques d’exclusion et d’accompagner les jeunes à comprendre l’environnement de la société d’accueil pour tendre vers leur autonomie. 60 jeunes fréquentent régulièrement l’accueil, dont 20 viennent chaque jour.

La crise sanitaire a-t-elle eu un impact sur votre fonctionnement ?

Nous avons dû fermer l’accueil de jour lors des confinements. A la place, nous avons ouvert une épicerie solidaire temporaire. Toujours dans une approche d’entraide collective, chacun prenait ce qu’il souhaitait tout en participant au bon fonctionnement de l’épicerie. Cela nous a permis de rester en contact avec ce public, doublement isolé face à ce contexte.

Comment avez-vous mobilisé ces jeunes pour les Assises des nouvelles solidarités ?

Avec leurs parcours d’exilé.e.s, étant concernés, nous avons voulu les faire témoigner sur l’isolement et la précarité. Un groupe d’une vingtaine de jeunes, garçons et filles, ont participé et réfléchi ensemble. D’abord pour définir collectivement les deux termes. Puis nous les avons posés comme acteurs du changement : si on leur donnait le pouvoir de changer, que proposeraient-ils ? Leur contribution sera restituée aux Assises sous forme écrite avec un cahier d’acteurs. Nous avons aussi travaillé sur un support vidéo, pour faire un retour valorisant de leur implication.

Souhaitez-vous porter un message particulier dans le cadre des Assises ?

Pour tendre vers un modèle d’égalité des chances, nous souhaitons faire prendre conscience de l’importance des relations sociales et de la force du collectif au travers d’une approche interculturelle. Par l’éducation populaire, nous souhaitons permettre l’émancipation des personnes en leur donnant les moyens de leur propre construction. C’est sur ces principes que l’on pourra ensemble lutter contre l’isolement et la précarité.

L’info en + : Les CEMEA proposent un atelier veilleurs sur le quartier Nantes Sud dans le cadre des Assises des nouvelles solidarités le lundi 23 mai de 18h à 22h. N’hésitez pas à vous y inscrire auprès d’Elsa Pavageau : [email protected] / https://cemea-pdll.org/