Solidarités : « Il faut une vision transversale : ne pas cloisonner et s’adapter au terrain »

Nantes Nantes Métropole, le 11 février 2022

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Anouk Grayon est présidente de l’association Les Forges Médiation, Cécile Coutant en est la directrice. Ensemble, elles témoignent de la médiation auprès de personnes vivant notamment sur les aires d’accueil, les bidonvilles (…) mais aussi dans des quartiers prioritaires de Nantes. Ces Assises des nouvelles solidarités vont être l’occasion pour l’association de redonner la parole aux plus précaires auprès desquels elle intervient et de faire remonter les réalités du terrain.

En quoi êtes-vous un acteur de la solidarité nantaise ?

Les Forges Médiation (LFM) existe depuis 2008. La médiation sociale est le cœur de notre intervention, comme choix de politique publique pour lutter contre les inégalités sociales, territoriales et de santé. En activant ou réactivant des liens entre les personnes en situation de précarité et de vulnérabilité et différents acteurs de proximité, la médiation contribue au mieux vivre ensemble sur les territoires. Nous intervenons aujourd’hui auprès d’un public en situation de vulnérabilité ou de précarité, qui vit notamment sur les aires d’accueil, les bidonvilles, les stationnements illicites, mais aussi certains quartiers prioritaires nantais pour la médiation santé. En rendant visibles ces personnes qui sont souvent hors radar, en leur apportant des clés de lecture, on contribue à ce que chacun ait et trouve sa place dans notre société, comme citoyen à part entière.

Comment les publics que vous accompagnez ont-ils vécu cette crise ?

Au début, ils ont eu le sentiment d’être abandonnés : « On nous a oubliés » nous ont dit certains. On a aussi repéré un fort sentiment d’isolement, de repli sur soi. Les confinements ont aussi eu un impact sur l’activité économique de certains, notamment les auto-entrepreneurs, ou les personnes en contrat court.

La crise sanitaire a-t-elle impacté votre association ?

La crise a permis de repositionner les pratiques inter-associatives : on a croisé nos informations, on s’est davantage coordonné, y compris avec les institutions. Il y avait une vraie volonté de porter attention à ce qu’on faisait remonter du terrain. Des partenariats sont nés, comme avec le Centre Fédératif Prévention Dépistage du CHU avec lequel nous avons organisé des équipes mobiles Covid pour intervenir sur différents lieux de vie, comme les aires d’accueil, les bidonvilles… Le rôle de la médiation, la place de l’aller vers, qui sont au cœur de notre engagement, ont aussi été repérés et valorisés durant la période.

Qu’attendez-vous de ces Assises ?

On va se saisir de cet espace de dialogue pour donner à voir des réalités de terrain, les freins dans l’accès aux droits de ces publics vulnérables. Ce format permet de rendre concret notre rôle de plaidoyer. C’est aussi une occasion de donner la parole aux publics auprès de qui on intervient : c’était un objectif de notre projet associatif, les Assises vont nous permettre de le concrétiser. Comme toutes les contributions vont être lues, on espère que cet argument favorise leur appropriation de la démarche et leur envie de témoigner. L’enjeu, c’est de remettre les personnes auprès de qui on intervient au centre du débat public.

Quel message avez-vous envie de porter plus particulièrement ?

D’abord que les personnes en situation de précarité et/ou de vulnérabilité sont avant tout des citoyens du territoire et qu’il faut les regarder comme tels. Ensuite, qu’il est essentiel d’avoir une vision transversale, inter-institutionnelle, inter-associations : la notion de parcours nécessite de ne pas cloisonner et de s’adapter à ce qui existe sur le terrain, en proximité. Enfin, à l’heure où chacun parle de « l’aller-vers », il faut lui donner du sens, repositionner du professionnel, de l’éthique dans cette approche et penser le « ramener vers ».

En savoir plus sur Les Forges médiation sociale : https://www.lesforgesmediation.fr/