Retour sur la table ronde : les conditions de travail de nuit des femmes et minorités de genre

Dialogue Citoyen, dans Gouvernance ouverte et Egalité, santé, solidarité, le 6 février 2025

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Pour inaugurer le cycle de ses Rencontres nocturnes, le conseil de la nuit a choisi de croiser ses enjeux et ceux de la lutte contre le sexisme. Dans les locaux de NOSIG, le centre LGBTQIA+ de Nantes, une table ronde a réuni des professionnelles et professionnels de la nuit pour échanger autour des conditions de travail des femmes et des minorités de genre dans le milieu festif. Et, au-delà, partager des pistes et des outils pour mieux lutter contre les discriminations et les violences sexistes dont elles et ils peuvent être victimes.

Ce n’est pas la première fois que les acteurs et actrices de la nuit s’emparent des sujets connexes à la fête : projet de l’arrêt de bus à la demande, dispositifs de prévention du plan fête, appel à projets de la nuit avec l’expérimentation “Safe Bar” en 2022… Pour cette année, le conseil a souhaité déplacer le regard pour le diriger non pas vers les publics qui fréquentent les lieux de fête, mais pour s’intéresser à ces professionnelles et professionnels qui travaillent la nuit.

Le Conseil de la nuit dans les locaux de Nosig.Des comptoirs aux portes des clubs jusque derrière les platines… il y a bien des choses à raconter de leurs conditions de travail et rendre visible ces facettes de la nuit qui sont la réalité de nombreuses femmes et minorités de genre.

Le 21 janvier dernier, cette table ronde a réuni des actrices locales et nationales : Mélanie Gourves, directrice de l’association Les Catherinettes, qui agit pour la prévention des violences sexistes et sexuelles en milieu festif, Chloé Nataf, responsable du Pôle musiques et transitions à Trempo, Charlotte Crenn et Lucie Le Blanc, membres du collectif de bartenders femmes de Nantes “MINT à l’eau” (Meuf Intersexe Non-Binaire), Sarah Gamrani et Laure Togola, membres des associations Au-delà du Club et de Réinventer la nuit, qui agissent pour des nuits plus inclusives.

Actrices locales et nationales.
Actrices locales et nationales.

Différents types de violence

Pour les bartenders travaillant en soirée ou la nuit, il y a des stratégies et des précautions à adopter. Quelle tenue vestimentaire ? Où est situé le lieu de travail ? Comment y accéder… Et comment rentrer chez soi ? Quels sont les moyens de transport disponibles ? Quels sont les membres de l’équipe ? Un autre enjeu concerne la santé et notamment la question des règles.

Pour l’association “Réinventer la nuit”, les artistes femmes et les minorités de genre peuvent être victimes de différents types de violence au cours de la nuit : à l’entrée, au moment de la performance et à la sortie. Et ces violences varient en fonction des étapes de ce parcours nocturne allant de la discrimination aux violences verbales, jusqu’à la (sur)charge économique d’un taxi pour sécuriser un trajet retour ou pour une garde d’enfant. Des facteurs annexes, comme la prise d’alcool ou de substances par les personnes qui fréquentent le lieu, peuvent dégrader les conditions d’accueil.

Prévenir les risques et sécuriser au maximum

Pour identifier et prévenir ces risques, le collectif met à disposition des structures et des artistes des outils : protocoles d’accueil, fiches techniques type. « Même si le moment est festif (…), ça reste quand même pour nous, en tant qu’artistes et professionnelles, des lieux de travail dans lesquels nous avons besoin d’avoir des cadres et des protocoles mis en place qui sont sécures pour nous », témoigne Sarah Gamrani de “Réinventer la nuit”.

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En cas de conflit dans le public ou avec la clientèle, une présence féminine peut aider à désamorcer plus facilement une situation de violence physique ou verbale. Cette réflexion fait le lien sur la place généralement attribuée aux femmes dans le domaine du soin et de l’attention portée à l’autre. « La présence des femmes dans le milieu de la nuit a aussi des vertus ! », plaide le collectif “MINT à l’eau”.

Sensibiliser et former tout le monde

Pour faire évoluer ces pratiques, plusieurs pistes sont évoquées : la mixité des équipes de sécurité et la formation systématique aux violences sexistes et sexuelles. Et c’est bien la formation de l’ensemble de l’écosystème qui serait obligatoire, pas uniquement celle des personnels de sécurité : employeur, équipes administratives, personnels du bar et de restauration… Sans oublier l’attention portée à la clientèle.

Aussi, pour garantir la continuité de la prise en compte de ces enjeux, un poste de référent ou référente “violences sexistes et sexuelles” a vocation à être identifié dans chaque organisation, en excluant la dimension bénévole de cette mission. S’occuper des conditions de travail des professionnelles et professionnels dans le milieu festif, c’est aussi un métier !

Ces perspectives rencontrent inévitablement la question des moyens humains et financiers, pour lesquels des structures telles que le Centre national de la musique (CNM) pourraient apporter des fonds.


Crédit photos : Ludovic Failler pour Nantes Métropole.