Assises des nouvelles solidarités : que faut-il pour vivre décemment à Nantes ?
Dans le cadre des Assises des nouvelles solidarités, une soixantaine de citoyens nantais planchent sur les biens et services nécessaires pour vivre décemment à Nantes. Personnes isolées, familles monoparentales, retraités… tous partent de leur expérience personnelle pour aider la Ville de Nantes à établir cet indicateur. Il sera ensuite traduit en budgets de référence par une équipe de chercheurs.
Ce jour-là au pôle associatif Désiré Colombe, 10 nantaises et nantais, 3 hommes et 7 femmes débattent avec enthousiasme. Leur sujet : quel est l’équipement indispensable pour vivre décemment dans l’appartement de Camille, 35 ans et deux enfants de 1 et 7 ans ? Tous ont en commun d’être des familles monoparentales nantaises, tout comme ce ménage fictif de Camille et ses deux enfants.
Qu’est-ce qui est nécessaire pour vivre décemment ?
« Le lave-vaisselle, c’est indispensable, c’est du temps qu’on dégage pour soi ou ses enfants et on en a bien besoin ! » insiste l’un d’eux. « Il faut aussi prévoir des meubles évolutifs, ça fait gagner un temps précieux et Camille, elle n’en a pas beaucoup », ajoute une participante. Quant au smartphone, il semble indispensable à tous : « Les applis sur la parentalité sont multiples », « C’est aussi important pour participer à la vie sociale et faire ses démarches en ligne ». L’utilité d’un bureau pour l’enfant de 7 ans fait débat. « Si on n’a pas de problème d’argent, on peut bien l’acheter », note une participante. « Attention, on ne parle par d’argent mais bien de la nécessité ou pas de l’équipement pour vivre décemment, » recadre Pierre Concialdi, chercheur à l’Institut de recherches économiques et sociales (IRES), missionné pour animer ce groupe citoyen.
Le budget de référence : une méthode internationale appliquée à Nantes
Après avoir passé en revue l’appartement de Camille, le groupe va discuter des équipements et services nécessaires pour se déplacer, à ses loisirs, sa vie sociale… Quant aux dépenses alimentaires, elles seront établies à partir de menus types. « Pour définir ce budget de référence à Nantes, nous partons d’une définition internationale et d’un travail de recherche mené en 2014 par l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale (ONPES) sur des villes moyennes françaises, explique Pierre Concialdi. Des familles type (personne active seule, couple sans enfants, famille monoparentale, couple avec enfants, retraité isolé ou en couple) avaient alors établi un panel de biens et de services nécessaires pour vivre décemment. Nous le soumettons aux citoyens nantais qui l’actualisent et le complètent de leur point de vue pour en dégager une réponse locale. » Les chercheurs de l’IRES transformeront ensuite la liste d’équipements et de services en montants financiers, qui varieront selon la composition de la famille, ce sont les budgets de référence.
Débattre du budget d’une famille qui nous ressemble
Ces ateliers vont se poursuivre jusqu’en juin prochain dans le cadre des Assises des nouvelles solidarités avec 120 citoyens nantais volontaires, répartis en 12 ateliers selon leur composition familiale. Pour le groupe de parents solos du jour, l’expérience intéresse. « On essaye de se mettre à la place du ménage type : c’est plutôt facile car c’est ce qu’on vit au quotidien, on part de notre expérience personnelle », note une participante. « Je suis heureuse de participer si ça peut améliorer le quotidien des familles à Nantes », souligne une autre. « L’exercice m’intéresse d’autant plus en tant qu’homme, ajoute un participant. Nous sommes minoritaires et nous n’avons peut-être pas les mêmes réflexes et références que les femmes dans une même situation ».