Nouvelles solidarités : « Comment intégrer les exclus de cette nouvelle société numérique ? »

Nantes Nantes Métropole, dans Les Grands débats, le 11 mars 2022

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Sandrine Graindorge (à droite), travailleuse sociale de l’AISL, accompagne Amanda, colocataire à la Maison des femmes

Songul Bicer est directrice de l’Association Insertion Solidarité Logement (AISL), Sandrine Graindorge y est travailleuse sociale. Ensemble, elles témoignent des difficultés spécifiques des publics à la rue qu’elles accueillent dans leur différentes structures. Et s’interrogent entre autre sur l’impact de la numérisation de notre société sur ces personnes.

Qu’est-ce que l’AISL ?

Nous agissons dans le cadre du Plan départemental d’action pour le logement et l’hébergement des personnes défavorisées. Nous accueillons des personnes en grande précarité qui n’ont plus accès au logement, soit parce qu’elles ont été expulsées, soit parce qu’elles vivent à la rue. Nous gérons des logements mis à disposition par la Ville de Nantes ou sous loués à des bailleurs sociaux et une maison relais. En 2019, nous avons aussi ouvert la Maison des Femmes, une colocation pour les femmes à la rue, en situation de plus grande vulnérabilité encore. Et nous ouvrons bientôt une nouvelle structure d’accueil dédiée aux femmes. Nous ne sommes pas un bailleur classique : nous faisons de la réinsertion par le logement en aidant ces personnes à retisser des liens, à se reconstruire, pour sortir de la précarité.

Comment les personnes que vous accompagnez ont-elles vécu cette crise ?

Sur notre maison relais, nous avons dû mettre en pause les temps collectifs pour des raisons sanitaires. Les locataires ont réclamé la réouverture de la pause café du matin qui est un lieu de sociabilité majeur : nous avons pu rapidement la rouvrir avec des consignes sanitaires spécifiques. Le manque de lien social et de suivi médical a aussi accentué les addictions de certaines personnes accompagnées. En même temps, les confinements ont créé une posture d’attention à l’autre. Malgré leur précarité, nos publics ont aussi eu ce souci des autres, ils nous ont fait remonter des informations sur leurs voisins. Ces solidarités perdurent en partie.

Qu’attendez-vous de ces Assises ?

C’est à long terme que l’on va voir les effets de cette crise et il n’est pas sûr que les solutions à court terme soient les meilleures. Mais nous pouvons peut-être déjà tirer des enseignements des nouvelles approches humaines, des nouvelles formes de relations et des changements au plan technologique. Nous aimerions aussi que ces Assises donnent la parole aux personnes à la rue : comment ont-elles vécu les confinements du dehors ?

Avez-vous un message à porter plus particulièrement ?

Cette crise a accéléré la numérisation de notre société. Or, le public que nous accompagnons se construit dans le face à face : comment travailler de l’humain au téléphone ou par écran interposé ? Pour nous, une des questions importantes est comment faire pour intégrer les exclus de cette nouvelle société numérique ? Nous avons par exemple le projet d’ouvrir un espace numérique, de former des aidants numériques pour que notre public réussisse à prendre en main ces outils.

En savoir plus sur l’Association Insertion Solidarité Logement : https://www.aisl-nantes.org/