Les citoyens découvrent une autre manière de faire la ville dans l’ancienne caserne Mellinet

Nantes Nantes Métropole, dans Grand débat Fabrique de nos villes, le 10 juillet 2023

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La dernière expédition urbaine, proposée dans le cadre du Grand débat « Fabrique de nos villes », s’est tenue le 8 juillet dans l’ancienne caserne Mellinet, quartier Saint-Donatien. Cette nouvelle balade a permis de présenter le réemploi des matériaux dans l’aménagement des espaces publics et la reconversion du patrimoine bâti.

En ce samedi matin de juillet, ils sont une cinquantaine à participer à la balade animée par l’Association régionale pour la promotion de l’architecture (Ardepa) dans le cadre du Grand débat et de Rétrostock #5. Pendant 2h30, les citoyens vont arpenter le site de l’ancienne caserne Mellinet, en pleine reconversion. Ces 13,5 hectares doivent accueillir 1700 logements, des équipements publics et des activités économiques et culturelles à l’horizon 2030. Porté par Nantes Métropole Aménagement et l’équipe d’urbanistes composée de TGTFP, d’Atelier Georges et de Bellastock, le projet de la ZAC (Zone d’aménagement concertée) Mellinet s’inscrit dans une démarche de réemploi.

Un réemploi concerté avec les habitants

Le réemploi des matériaux, d’abord. « Alors que le programme de démolition des bâtiments militaires était programmé, nous avons proposé à Nantes Métropole Aménagement de récupérer des matériaux du patrimoine existant », indique Thibault Barbier, paysagiste-urbaniste à l’Atelier Georges. En 2015, un diagnostic vient identifier les matériaux pouvant être réemployés dans le cadre des aménagements des espaces publics du futur quartier. Cet inventaire permet la collecte puis le stockage de pierres de taille, de pavés, de moellons, de bordures de granit, d’ardoises concassées et de bois de charpente. « Nous avons stocké cette matière en pyramide sur l’ancienne place d’armes, poursuit Thibault Barbier. Un travail a ensuite été mené avec les habitants pour concevoir des prototypes de mobilier urbain. Les gros morceaux de pierre ont servi à faire des assises. Un morceau de couronnement de fenêtre est utilisé comme repose bras. Le bois issu de la charpente des bâtiments a permis de faire du mobilier transitoire.  » Un citoyen interroge : « Combien, ça coûte ?  » Réponse du paysagiste-urbaniste : « Nous sommes à 40 000 euros, c’est le coût des études en € HT, ce qui n’est pas énorme à l’échelle de l’opération. Réemployer n’est pas moins cher mais d’un point de vue carbone, ça n’a rien à voir ! »

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Les citoyens découvrent l’impressionnant stock de matériaux à ciel ouvert qui va servir à la suite du projet Mellinet. « Il faut une logique intellectuelle de fabrication presque plastique de la ville pour imaginer un réemploi raisonné et inventif », souligne l’architecte-urbaniste Pierrick Beillevaire (ARDEPA).

Une nouvelle vie pour les bâtiments militaires

Deuxième étape : le réemploi du patrimoine bâti. Sur les 80 bâtiments militaires, une vingtaine ont été conservés. En 2015, l’approche était plutôt patrimoniale et pas carbone. Les citoyens découvrent les anciennes écuries, nichées au cœur du hameau Paladines. Les six bâtiments, qui ont accueilli une friche artistique éphémère en 2021, seront bientôt réhabilités pour accueillir un pôle d’artisanat « Arts du feu ». À proximité, l’ancien bâtiment d’habillement accueille déjà la structure ICI Nantes, une manufacture collaborative et solidaire dédiée aux artisans, artistes, designers et entrepreneurs. Dans le hameau Mellinet, le bâtiment de troupe B19 a été réhabilité pour devenir un hôtel d’entreprises. Une trentaine d’unités de 20 à 110 m2 sont proposées à la location. Le groupe découvre les lieux en compagnie de l’architecte François Dussaux de l’agence DLW. « Ce bâtiment a une structure très claire, nous avons respecté la symétrie des lieux. Le projet a consisté à supprimer l’escalier central et à créer deux nouveaux escaliers pour desservir les unités locatives. Le corps central a été réemployé comme espace de détente. »

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Pour Claudie, retraitée, les balades de l’Ardepa offrent un autre regard sur Nantes et son patrimoine. « Ça fait 76 ans que j’habite Nantes et je trouve toujours des choses à découvrir. J’observe davantage les bâtiments. Ce mélange de logements et d’activités sur un même site, c’est l’avenir. On ne peut plus faire comme dans le passé avec des cités-dortoirs. » Michel, également habitué des balades de l’Ardepa, est impressionné par le réemploi des matériaux. « C’est intéressant de voir cette transformation des matériaux en mobilier. J’aime ces nouvelles façons de faire. Maintenant, il faut pouvoir s’inspirer de ces expériences ! »