« Les citoyens de la convention nous invitent à nous mettre au travail collectivement et à être des facilitateurs. »
Fabrice Roussel est premier vice-président de Nantes Métropole et maire de La Chapelle-sur-Erdre. A quelques jours de la réponse des élu.e.s aux membres de la convention citoyenne de Nantes, il livre la manière dont il a accueilli les aspirations citoyennes, plus spécialement comme maire.
Comment avez-vous reçu l’avis des 80 citoyens et citoyennes de la convention post-covid ?
Fabrice Roussel : « Leurs aspirations m’ont rassuré, notamment par leur forte volonté de solidarité, et je m’y suis personnellement plutôt retrouvé. Ce qui m’a marqué, c’est qu’ils ont émis des priorités sans préjuger des compétences des collectivités : ils nous confient, en tant qu’élus de proximité, la mission de se mettre au travail collectivement, sans se renvoyer la balle. C’est un vrai appel aux élus locaux vus comme des facilitateurs. Les citoyens disent aussi leur sentiment que l’action publique est un peu trop longue à se mettre en place. Nous aussi, élus, ressentons parfois cette impatience ! Un seul petit regret peut-être : que l’économie, comme réponse aux besoins des citoyens, soit peu présent dans cet avis. »
Comment vos collègues maires ont reçu cet avis ?
FR : « Tous ont fait part d’un grand intérêt pour son contenu. Nous sortons en effet d’une période avec moins de contacts avec les citoyens : il n’y avait plus d’assemblée générale d’associations, pas de rassemblements festifs collectifs… des moments qui nous permettent de prendre le pouls du terrain. C’est donc important d’avoir ce retour direct des citoyens. En débattant, on s’est aussi rendus compte que la plupart du temps, au moins une commune avait déjà travaillé sur chaque sujet évoqué par les citoyens dans leur avis. »
Comment vous êtes-vous saisi des aspirations sur la commune de La Chapelle-sur-Erdre ?
FR : « Compte tenu des délais très courts, nous avons décidé avec les adjoints d’accélérer dans un premier temps sur des sujets déjà engagés qui faisaient écho aux aspirations citoyennes. Je pense par exemple au restaurant scolaire sur lequel on imagine aller plus vite vers les 100% bio et local, ou encore l’éducation à l’image et aux médias où l’on veut amplifier notre action via le plan éducatif local. Sur la santé, nous avions déjà commencé à réunir les professionnels de santé au plan local, ça nous incite à poursuivre et développer cet axe. »
Des communes voisines peuvent-elles collaborer sur certains sujets ?
FR : « Nous avons déjà de vraies habitudes de travail à plusieurs. Par exemple, nous planchons actuellement sur un projet de restaurant scolaire à 3 ou 4 communes avec une cuisine centrale commune. Sur les questions de santé, la maire de Thouaré-sur-Loire est en train de faire le tour des communes pour dresser un état des lieux qui pourrait aboutir à de nouvelles actions partagées. Nous avons aussi des groupements d’achat qui peuvent nous permettre d’infléchir des choses ensemble. »
Vous avez été le chef d’orchestre des grands débats lors du précédent mandat métropolitain. Qu’est-ce que cette convention amène de nouveau ?
FR : « Dans les grands débats, des ateliers citoyens étaient organisés, mais ils ne constituaient qu’une partie de la démarche. L’expression est aussi venue de collectifs, d’associations. Avec la convention, le lien au citoyen est différent : ce sont des contributions directes et des vécus personnels qui nous éclairent par leur diversité. Ça nous rapproche de la réalité, ce qui n’est pas toujours le cas dans les autres processus de dialogue où l’on n’a bien souvent que le son de cloche de ceux qui décident de se mobiliser mais pas des autres. Le tirage au sort permet une diversité de points de vue et donc de participants. »
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Fabrice Roussel est maire de la Chapelle-sur-Erdre, 1er vice-président de Nantes Métropole, en charge de l’économie.
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