Grand débat : Une feuille de route pour transformer la manière de fabriquer la ville

200 personnes ont assisté le 18 avril au dévoilement de la feuille de route adoptée par les élus de Nantes Métropole, à l’issue du Grand débat « Fabrique de nos villes, Ensemble, inventons la vie de demain ». Avec 97 actions organisées autour de 5 balises, elle fixe un cap qui augure une profonde transformation de la manière de penser et de construire la ville. Plus nature, plus sobre, plus facile au quotidien, plus protectrice et plus citoyenne : un pari qui ne se gagnera qu’avec l’implication constante des professionnels et des citoyens.

« Quand on adopte une feuille de route, on sait désormais d’expérience qu’on engage une profonde transformation de notre action sur 10 ans. Il y aura donc un avant et un après ce Grand débat sur la fabrique de nos villes ». Le 18 avril dans l’amphithéâtre de l’école d’architecture de Nantes, la maire-présidente Johanna Rolland et les élus pilotes du Grand débat, Christelle Scuotto, Tristan Riom, Marie-Cécile Gessant et Pascal Pras,  ont présenté à un public de citoyens et de professionnels la feuille de route adoptée le 12 avril en conseil communautaire. « Derrière chaque balise de cette feuille de route se trouvent des mesures concrètes en réponse à vos contributions issues du grand débat. Des mesures qui engagent notre transformation collective, cette bifurcation écologique que vous avez appelée de vos vœux pendant le débat » souligne Johanna Rolland.

5 balises pour marquer le cap à emprunter

La feuille de route s’articule autour de 5 balises qui marquent le chemin vers la ville de demain : nature et du vivant, sobre et circulaire, plus facile à vivre en proximité, qui loge et protège et enfin plus impliquante et conviviale. Chacune des balises se décline en 3 à 4 engagements, mis en œuvre grâce à 97 actions, proposées à court moyen ou long terme. « Cette feuille de route est intéressante et ancrée sur les solutions. Elle porte une véritable impulsion collective », se réjouit Pierre-Yves Legrand, directeur de Novabuild, professionnel impliqué dans le grand débat.

« 3–30–300 » : le nouveau principe d’aménagement nature

« La nature ne doit plus être la variable d’ajustement des projets urbains, souligne Johanna Rolland. Nous adoptons donc l’approche du 3–30–300, une des actions phares de cette feuille de route inspirée de ce qui se fait déjà au Québec.  » Soit 3 arbres visibles depuis sa fenêtre, 30% de couverture arborée dans son quartier et avoir accès à un espace de fraîcheur arboré  à moins de 300 mètres de son domicile ou de son travail. « Avec ce principe, c’est un nouvel imaginaire urbain qui se dessine », confirme Franck Boutté, urbaniste auditionné au lancement du grand débat. Les ¾ de la canopée étant dans l’espace privé,  les acteurs privés (entreprises, associations…), les habitants de la métropole (propriétaires, locataires…) tout comme les acteurs publics seront des parties prenantes de la solution.

Le droit au logement renforcé grâce au bail réel solidaire

« Aujourd’hui en France, on construit moins de logements par habitant qu’en 1951, avant l’appel de l’Abbé Pierre  », constate aussi la maire-présidente. Pour assurer l’accès de tous au logement et éviter la spirale spéculative, la feuille de route acte une avancée forte : la montée en puissance du bail réel solidaire (BRS) qui permet aux classes modestes d’acheter les murs de leur logement sans supporter le coût du foncier, et ce en louant le terrain sur lequel il est construit. « Nous allons mobiliser 60 millions d’euros supplémentaires d’ici 2026 pour renforcer notre maîtrise foncière ». La feuille de route prévoit également la possibilité d’élargir ce dispositif au logement libre, ouvert à tous les ménages, notamment les classes moyennes.

Un bouquet de services essentiels près de chez soi

Pour renforcer le lien et la vie dans son quartier, son bourg, la feuille de route vise à assurer en proximité un bouquet de services essentiels : santé, commerces, seconde main…« Cette ville du quart d’heure est aussi un véritable outil de lutte contre l’isolement, dans tous les quartiers », précise Johanna Rolland. « Attention à ce qu’elle soit aussi proposée aux habitants des quartiers populaires, souligne Emmelie Meneux, directrice de la régie Océan 44, une structure d’insertion. On fait face aujourd’hui à des situations de précarité folles. »

Structurer des filières de réemploi et de recyclage dans le BTP

« Nous souhaitons faire de l’urbanisme circulaire, le principe d’aménagement de ce territoire », indique Johanna Rolland. La feuille de route appelle donc à structurer les filières locales du BTP en faveur du réemploi et du recyclage, propose d’élaborer un référentiel bas carbone et d’accélérer la mutation des entrées d’agglomération et zones d’activités économiques. « Nos pratiques évoluent déjà mais avec votre proposition d’un référentiel, c’est une vraie avancée » se réjouit Pierre-Yves Legrand. « L’écosystème local du réemploi/recyclage existe, abonde Emmelie Meneux. Comme pour les clauses d’insertion sociale dans les marchés publics où Nantes Métropole a une longueur d’avance, allez-y sur les clauses réemploi et économie circulaire !  »

Partager l’aventure avec les habitants et les professionnels

Expérimenter des projets « page blanche », sans programme prédéfini, pour co-construire avec les habitants est aussi l’une des propositions originales de cette feuille de route. La Métropole va aussi lancer une démarche d’inspiration citoyenne sur le devenir du site de l’hôtel Dieu. « Ça me donne envie de participer, souligne Chloé Loizeau, citoyenne impliquée dans le Grand débat. Pour certains habitants, cette feuille de route va marquer le début de l’engagement près de chez soi. » Vincent Bernier, autre citoyen participant, confirme : « Inventer le devenir de l’actuel CHU me donne très envie de poursuivre l’aventure. »

Une gouvernance partagée à l’automne

« Sur ce nouveau chemin, il ne faut surtout pas avoir peur d’évaluer, de mesurer le bénéfice des actions et d’accepter de se tromper,  » explique aussi Franck Boutté. «  Poursuivons ensemble avec l’esprit de confiance qui a animé la démarche jusqu’alors », ajoute Pierre-Yves Legrand .La toute nouvelle instance de gouvernance ouverte qui sera mise en place à l’automne aura cette belle mission. « C’est un territoire qui a une maturité démocratique. A Nantes, nous sommes capables de débattre de manière engagée mais toujours dans le respect des uns et des autres » conclut Johanna Rolland.

Découvrez le détail des 97 actions de la feuille de route collective

Crédits photos : Thierry Mezerette pour Nantes Métropole