Faut-il inciter ou contraindre pour se déplacer autrement ? Des citoyens jouent la controverse

Nantes Nantes Métropole, dans Grand débat Fabrique de nos villes, le 5 juin 2023

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Densité, mixité sociale, attractivité urbaine, paysage, mobilité,… la fabrique de la ville ne manque pas de sujets controversés. Pour mieux comprendre les points de vue et cartographier les positions et les arguments des habitants, commerçants ou associations, Nantes Métropole propose de jouer ces controverses en atelier, dans le cadre du Grand débat « Fabrique de nos villes ». Pour celà, un rôle fictif leur est  attribué en amont, et chaque rôle (joué par plusieurs personnes) va développer ses arguments sur la base de projets fictifs. Le premier atelier sur les mobilités s’est tenu à la médiathèque de Rezé le 25 mai. Les quatre suivants sont prévus en juin.

« Pour accélérer les changements de comportement dans les mobilités, faut-il inciter ou contraindre ?  » La vingtaine de citoyens réunis ce mardi soir de la fin mai à Rezé, va devoir se positionner sur la question. Dans la salle, les experts de l’Agence du développement durable (ADD), le collectif des artisan-es de Nantes, les associations Cy’clic et Handi’cap à Nantes, les parents d’élèves de l’Ami’calme et le conseil du quartier La Martingale. Vous ne connaissez aucune de ces associations ? Normal : elles sont fictives et nous sommes dans un jeu de rôles ! « Ce soir, vous allez jouer ces personnages et chercher à convaincre les autres de vos arguments et propositions », indique Régis, le maître de jeu.

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Pour ou contre ?

Les groupes doivent argumenter pour ou contre 3 mesures fictives : la très forte restriction de l’accès en voiture aux centres-villes des 24 communes de la Métropole, l’instauration d’une prime pour les  kilomètres parcourus en mobilités actives, et la voiture partagée (co-voiturage et auto-partage). « On y va, j’ai plein d’idées », lance une membre de Cy’clic. « On est plutôt d’accord avec la prime ? se demandent les artisans. Oui, mais seulement si ce n’est pas à nos entreprises de la payer ! » Chaque groupe trouve 3 arguments pour ou contre, mais ils vont devoir n’en garder qu’un à soumettre au vote de l’assemblée. Place donc à la négociation de leurs idées avec les autres groupes. Handi’cap et Ami’calme tombent rapidement d’accord : les parents d’élèves vont élargir leur proposition d’interdire les engins motorisés autour de l’école aux commerces et services, au bénéfice des personnes handicapées. Ceux-ci vont ainsi pouvoir défendre leur idée de covoiturage. Les experts de l’ADD proposent de se concentrer sur l’argument pollution et laissent le volet sécurité aux parents d’élèves.

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Place au vote

Le Plénum (l’assemblée) est maintenant prêt à passer au vote  des propositions. La Martingale refuse la contrainte pour faire changer les comportements : « On est loin de tout, il n’y a pas de bus le soir. On ne peut pas laisser notre voiture !  » Cet argument ne convainc pas vraiment l’assemblée. Les artisans se disent eux favorables à la contrainte : « Mais on aura besoin d’entreposer des matériaux lourds dans la ville, avant de fonctionner ensuite avec des vélos-cargos, à condition qu’on nous accorde des voies dédiées aux pros.  » En ayant fait des concessions, ils emportent plutôt l’adhésion des participants. Au fil de la soirée, les groupes négocient et tombent de plus en plus souvent d’accord. La Martingale finit même par emporter 100% de voies pour instaurer une prime aux mobilités actives, à condition de « créer partout des emplois en proximité, que chacun ait le droit à cette ville du quart d’heure ».

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Cartographier les arguments

Deux heures de débat plus tard, la séance du Plénum s’achève et l’on tire le bilan de ce temps original. « Vous avez fait preuve de beaucoup de consensus, souligne le maître du jeu. Il n’y a pas tant de controverse finalement, parce que vous avez su habilement négocier pour emporter l’adhésion des autres groupes. » L’exercice semble avoir un peu dérouté les participants : « C’est un peu frustrant d’arrêter là, on aurait vraiment aimé développer plus nos argumentaires », regrette une membre. Mais dans cet exercice, Nantes Métropole cherche surtout à cartographier les arguments en présence : « vous pouvez poster vos propositions sous forme de contribution individuelle ou cahiers d’acteurs » sur le site du Grand débat. Malgré le temps limité, plusieurs participants repartent intéressés de ce temps collectif : « J’ai rencontré des gens qui ont le désir, comme moi, de transformer la ville, indique Aurélie. En jouant dans le groupe d’artisans, j’ai aussi été confrontée à mes propres contradictions, c’était intéressant ».  Le débat se poursuit ensuite, entre les mêmes participants, grâce à l’application utilisée lors de l’atelier. Les participants sont invités à reprendre leur vraie identité et leurs convictions et exprimer leurs avis en développant leurs arguments. Cette séquence sera rallongée pour les prochains ateliers.

retour en vidéo sur l’atelier

Pratique : Les prochains ateliers des controverses sont programmés le 9 juin sur la mixité sociale à Nantes, le 10 juin sur l’attractivité des communes à Saint-Jean de Boiseau, le 15 juin sur la densité à Rezé et le 17 juin sur le paysage à Couëron. Il reste des places pour les prochains ateliers, n’hésitez pas à vous inscrire !  Les inscriptions sont ouvertes ici.