« Faire face aux crises ensemble » a décroché le Prix 4 ⭐ de la participation

Dialogue Citoyen, dans Energie, climat, Protection, médiation, sécurité et Santé, le 8 décembre 2025

La Ville de Nantes vient de remporter le Prix 4 étoiles de la participation pour son initiative : “Faire face aux crises ensemble”. Au cœur de cette démarche primée, une conviction forte : les citoyennes et citoyens ont leur place dans la gestion des risques. Rencontre avec les pilotes de ce projet, Yann Louault et Chloé Guillemot.

Le 21 novembre dernier, au Sénat, la 10e édition des Prix de la participation organisée par Décider Ensemble a distingué la démarche nantaise. Pourquoi ce projet a-t-il décroché 4 étoiles ?

Yann Louault, chargé de projet culture du risque, Direction Risques & Protection des populations : Le jury a salué notre manière d’aborder la question de la crise de manière globale et participative, en impliquant les citoyens. La réglementation de l’État nous impose de parler des risques naturels (inondations, canicules, feux de forêts) et technologiques (explosion d’usines, rupture de barrages…). Nous avons souhaité aller plus loin en intégrant d’autres risques comme la pandémie ou encore les crises humanitaires. Par ailleurs, si la loi place le citoyen comme acteur de la sécurité civile, elle n’en définit pas les modalités : c’est cela que nous avons voulu interroger avec les citoyennes et citoyens.

Chloé Guillemot, chargée de mission “Grands débats & Transitions”, Direction Démocratie et Stratégie : le sujet des crises est peu abordé par les pouvoirs publics. Souvent jugé anxiogène, il charrie avec lui des imaginaires forts et reliés à des événements parfois douloureux, collectivement et individuellement. C’est un sujet sensible mais qui ne mérite pas d’être exclu du débat public. Notre collectivité a fait le choix d’aborder le sujet de manière large et sous le prisme du rôle joué par le citoyen.

La pandémie du Covid en 2020 et 2021 a-t-elle joué un rôle dans le choix de cette approche ?

Y. L. : En France, on a historiquement une faible culture du risque à l’inverse d’autres pays. Aujourd’hui, le contexte de multiplication des crises qu’elles soient géopolitiques mais aussi climatiques, invite à un changement de posture. Ne pas en parler ou l’aborder est en soi anxiogène.   La pandémie du Covid a aussi joué car on a vu se multiplier des initiatives citoyennes : fabrication de visières de protection dans les fablabs, couture de masques, entraide organisée à l’échelle des quartiers…

Notre problématique, c’est l’articulation entre les collectivités et la société civile pour pouvoir être mieux préparés ensemble. Loin de se substituer à l’expertise technique, ces initiatives locales la complètent, l’enrichissent et l’ancrent dans le réel. Dans ce cadre, renforcer la culture du risque ne peut se limiter à une communication descendante ou technocratique : il est nécessaire d’inventer de nouvelles formes de transmission, plus participatives, accessibles et ancrées dans les pratiques quotidiennes des habitantes et habitants.

Au-delà du sujet, qu’est-ce que le jury apprécié dans cette démarche ?

C. G. : Le jury a apprécié la rigueur méthodologique. De bout en bout, on est allé chercher différents points de vue et méthodes de participation. Nous avons utilisé des leviers créatifs, un “serious game” pour simuler une situation de crise par exemple ou bien encore organisé une séquence au Musée d’arts de Nantes, pour aborder la question sous l’angle sensible et historique de l’art.

Également, au-delà de la production de l’avis citoyen, la démarche a permis de construire une feuille de route sur plusieurs années, afin de continuer à influencer la décision publique.

Quelles sont les prochaines étapes concrètes pour diffuser cette « culture du risque » ?

C. G. : Il y a déjà des actions tests et nous allons revenir vers le panel citoyen qui souhaite rester impliqué. Les Journées nationales de la résilience cette année à Nantes ont ainsi été conçues à partir de l’avis citoyen.

Y. L. : On est en train de prioriser les prochaines actions. Nous avons repensé le DICRIM (Document d’Information Communal sur les Risques Majeurs)(1) qui sera prochainement mis en ligne sur les sites des 24 communes. Pour en favoriser l’appropriation citoyenne, une stratégie d’animation sera déclinée dans les mois à venir sur le territoire.

Nous allons également travailler avec l’École de design de Nantes à partir de mai prochain sur le sujet de l’hyper-proximité, c’est-à-dire sur la mobilisation des espaces municipaux en lieux-ressources en cas de crise majeure.

Notre rôle est d’accompagner les communes du territoire sur ces sujets-là. D’ailleurs, la démarche intéresse d’autres territoires, au sein de la métropole et au-delà.

Dans quel mesure la démarche inspire-t-elle d’autres territoires ?

Y. L. : Nous avons été sollicités ces derniers mois pour présenter la démarche. Ainsi, nous nous sommes rendus à Rennes à l’occasion des Journées de la résilience portées par la Métropole, à Concarneau à l’invitation du fond de dotation Explore qui travaille sur les risques de submersion marine ou bien encore à Saint-Brieuc à la rencontre du réseau Breizh Alec rassemblant les chargés de mission Plan climat en Bretagne. Enfin, nous sommes intervenus dans plusieurs événements nationaux comme un colloque à Paris portant sur “Les mobilisations citoyennes face aux risques majeurs” ou encore à Marseille lors du sommet Climate Chance.

C. G. : Nous sommes heureux de pouvoir montrer que parler de ce sujet avec les citoyennes et citoyens est possible. Et ces rencontres sont aussi l’occasion de pouvoir échanger avec d’autres territoires, de faire des échanges de pratiques et de constituer un réseau sur ces sujets qui vont s’imposer de plus en plus dans nos vies.

Pour en savoir plus sur la démarche c’est ici ⬇️

Visuel de la démarche Faire face aux crises ensemble


Crédit photo : Solveig Lecouturier pour Nantes Métropole

(1) Inscrite dans le code de l’environnement, la réalisation du DICRIM est une obligation règlementaire pour toutes les communes exposées à au moins un risque majeur. L’objectif est d’informer la population de l’existence de ce(s) risque(s) et des mesures de prévention, de protection et de sauvegarde mises en place.