Faire face aux crises ensemble : les citoyens remettent leur avis

Dialogue Citoyen, dans Egalité, solidarité, le 10 février 2025

Faire

Mobilisé depuis novembre, l’atelier citoyen a rendu son avis ce 5 février. Celui-ci propose des pistes concrètes pour, ensemble, agir, faire face et mieux surmonter les crises et défis de demain. Ces préconisations seront toutes étudiées par la Ville de Nantes qui souhaite renforcer la mobilisation citoyenne et développer une culture locale du risque.

Les participantes et participants de l’atelier ont présenté leurs conclusions, leur expérience de la démarche et partagé un temps d’échange avec trois élus de la Ville de Nantes : Bassem Asseh adjoint au dialogue citoyen, Hélène Naulin adjointe en charge de la résilience, et Pascal Bolo adjoint à la sécurité civile.

Préparer, agir et réparer : quels rôles pour les Nantaises et les Nantais ?

À travers quatre séances de travail, menées entre le 29 novembre et le 14 janvier dernier, la démarche “Faire face aux crises ensemble” a mis en débat la façon dont nous pouvons nous préparer collectivement et développer une “culture nantaise du risque”, en associant mieux les citoyens et citoyennes à la prévention, la gestion et la réparation des crises, qu’elles soient naturelles, sanitaires, humanitaires et industrielles.

Photo de groupe de la démarche

Quel panel pour l’atelier citoyen ?
. Un panel diversifié en termes d’âge, de genre, d’activité, de quartiers de résidence et d’exposition aux risques a été réuni.
. Des publics avec une exposition spécifique aux risques (étudiants, enfants, seniors, personnes en vulnérabilité économique…) ont également été sollicités sur le terrain. Leurs contributions ont alimenté la démarche et nourri l’avis citoyen d’une grande diversité de points de vue.

Les trois questions du mandat donné aux citoyennes et citoyens :

  • Face aux prochaines crises – naturelles, sanitaires, humanitaires, industrielles – à Nantes, quels principes se donner pour développer une culture du risque local ?
  • Comment pourrions-nous, les Nantaises et les Nantais, être mieux associés à l’anticipation, la gestion de la crise ainsi qu’à la transformation et réparation après crise ?
  • À quelles conditions et avec quels moyens cela serait-il envisageable ?

Un grand chemin parcouru pour répondre au mandat

Deux représentants de l’atelier citoyen

Les représentants de l’atelier ont d’abord retracé les étapes d’un travail riche et immersif, accompagné par l’agence de concertation Scopic, dont :

  • une mise en connaissance du sujet, avec un accès à la vision technique par Chloé Tran Duc Minh du Cerema (1) et les services techniques de la ville ainsi qu’à la vision logistique et opérationnelle par la Protection civile ;
  • la rencontre avec Benoit Giry, auteur de Sociologie des catastrophes (2), qui a fortement impressionné les participants ;
  • la découverte du rôle et du point de vue des petits commerçants sur la thématique ;
  • la mise en situation d’une canicule extrême avec réquisition du gymnase, réunion de crise, inventaire des stocks…

Quelle expérience et culture du risque aujourd’hui ?

La démarche a permis de partager des expériences variées de la crise. Avec un sentiment commun qui domine, comme le résume un citoyen : « Il n’y a pas d’inquiétude car tout le monde sait qu’à un moment ou à un autre, il y aura une crise, que c’est inévitable et imprévisible… » Elle a aussi permis de prendre conscience de la méconnaissance des risques locaux (inondations, ruissellement et séismes) et des dispositifs de mise en sécurité. Lutter contre le sentiment d’impuissance et retrouver une capacité d’action sont apparus comme essentiels.

Cinq boussoles pour mieux se connaître et se préparer à la crise

Photo de la soirée de la remise de l'avis citoyen.

Pour une nouvelle culture du risque à la nantaise, nourrie de lien social, de solidarité, de cohésion et d’entraide, l’avis citoyen présente cinq grandes orientations :

  • faire une place à l’humain dans la crise, aux côtés des réponses techniques et politiques ;
  • porter un nouveau discours sur les risques et les vulnérabilités locales ;
  • informer et mobiliser à l’échelle la plus proche des habitants : leur voisinage, leur quartier…
  • s’assurer d’une accessibilité universelle de l’information et des moyens techniques et humains.
  • produire une information “robuste” simple, récurrente et adaptée selon les types de crises.

S’outiller pour développer la culture du risque en impliquant les Nantaises et les Nantais est un autre attendu de cette démarche. Formations, exercices d’évaluation collective, information et cadre à donner pour organiser le volontariat sont ainsi autant de réponses que les citoyennes et citoyennes proposent de mettre en œuvre, comme en témoigne l’un d’entre eux : « Trouver un cadre de volontariat pour que l’énergie que l’on a envie de donner ne se disperse pas et que l’on puisse être utile. Il s’agit aussi de pouvoir savoir vers qui se tourner. »

Photo de la soirée de la remise de l'avis citoyen.

Sept défis identifiés par les citoyennes et citoyens.

  • Défi 1 Sensibiliser aux risques et diffuser massivement l’information à toutes et tous.
  • Défi 2 Outiller et équiper pour se préparer à faire face.
  • Défi 3 Motiver les solidarités en amont et anticiper les envies d’agir.
  • Défi 4 Savoir et pouvoir traverser les crises.
  • Défi 5 Cadrer les envies d’aider ; associer l’habitant à la gestion de crises “longues”.
  • Défi 6 Prendre le temps de comprendre ; capitaliser collectivement sur la crise.
  • Défi 7 Soigner l’après-crise.
 

“La réserve citoyenne”: une idée qui fait l’unanimité

Dans les idées concrètes qui émergent de l’avis citoyen : un kit des risques ou un lieu dédié à l’expérimentation des risques et, surtout, l’idée fortement mise en avant d’une “réserve citoyenne”. Il s’agirait d’une “communauté de citoyens formés” et compétents en temps de crise, dont le cadre de mise en œuvre resterait en débat entre les citoyens à l’issue de la démarche : « Entre les professionnels et les sinistrés, il manque quelque part un maillon… Ce pourrait être cette réserve de volontaires », pointe un participant. « On a du mal à évaluer si dans le “pendant”, c’est un problème d’avoir des citoyens au moment de la crise », complète une participante.

Photo de la soirée de la remise de l'avis citoyen

Une expérience de dialogue salué par les citoyens et les élus

« C’était vraiment très intéressant de pouvoir être dans ces réflexions-là, de se rendre compte de tout ce qu’on ne sait pas, des outils qui existent, de découvrir sa ville et de se sentir impliqué », raconte un membre de l’atelier citoyen. La qualité de l’expérience vécue dans la démarche, l’intérêt pour le sujet et pour les solutions à y apporter ont largement été exprimés par les participants dans les échanges qui ont ponctué le temps de la restitution.

Photo des élus référents de la démarche

L’ensemble du travail a été salué par les élus. « C’est un sujet majeur que celui des crises et de la culture des risques. Devant les événements et face à l’éco-anxiété, on a des enseignements assez importants à tirer. Un enjeu – et vous l’avez identifié -, est de ne pas être technocentré, mais d’être aussi dans l’humain, la solidarité, la proximité », a partagé Hélène Naulin, adjointe à la résilience. Sur l’enjeu de communication et de confiance pendant la crise, Pascal Bolo, adjoint à la sécurité civile, a conclu : « Se préparer à l’inédit, c’est accepter qu’il y aura des choses que l’on n’aura pas pu prévoir et qu’il faudra savoir faire avec. »

Quelle suite à la remise de l’avis citoyen ?

L’avis fera l’objet d’une phase d’instruction par les élus et les services techniques de la ville. Une réponse argumentée sera apportée aux citoyennes et citoyens à l’été 2025 et présentera les engagements pris par la collectivité.


Retrouvez l’avis citoyen.


(1)Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement
(2)Éditions La Découverte, juillet 2023.


Crédit photos : Tim Fox pour Nantes Métropole.