Comment vivre avec la nature en ville ? Les citoyens en débattent pour le futur quartier de Pirmil-Les Isles
Alors que le Grand débat « Fabrique de nos villes » entre dans son dernier mois, plusieurs projets urbains en cours se précisent. C’est le cas de Pirmil-Les Isles, entré dans une nouvelle phase de concertation avec les habitants, avant de lancer les premiers travaux d’espaces publics début 2024. Samedi 3 juin, les citoyens étaient invités à une journée sur le thème de la nature. Retour sur quelques échanges.
Comment vivre dehors toute l’année malgré les épisodes caniculaires ? Comment cohabiter avec la nature, désagréments compris ? Comment mieux la connaître pour mieux la protéger ? Ce samedi après-midi, le jardin de la cale Aubin à Rezé accueille les citoyens volontaires pour plancher à l’ombre des platanes centenaires. Le matin, ils ont profité d’une promenade découverte des jardins test du futur quartier. Ils ne sont pas très nombreux : la métropole propose beaucoup de réjouissances le même jour, dont la parade de Débords de Loire ! Mais le sujet intéresse. « Je veux m’installer sur la ZAC avec deux couples d’amis, indique Pascal, jeune retraité. Le côté Loire et nature nous intéressent vraiment. Pour moi, ce sont des atouts avant d’être des risques. On va vivre dans le cours de la Loire, on peut bien accepter qu’elle reprenne sa place de temps en temps ! ».
Faire une place à la Loire
Un atelier s’intéresse justement à l’hypothèse d’un débordement de la Loire sur le quartier en partie inondable. Comment mieux l’anticiper ? « Nous, on est habitués car on a la Sèvre qui monte et qui descend », souligne une participante. « Les prairies de Sèvre inondées, c’est très beau », répond un autre citoyen. « Mais c’est parce qu’on sait que ça n’est pas dangereux. Il faut être au courant pour ne pas paniquer. » Prévisible et progressive, l’inondation par la Loire ne sera jamais les événements soudains du Gard ou de l’Hérault. « Il faudrait quand même prévoir des exercices d’évacuation réguliers car on oublie vite, propose une habitante. Mais il faudrait le faire de manière poétique. » « On a bien des drapeaux vert, jaune, rouge à la plage, pourquoi ne pas en installer en bord de Loire ? », propose une autre. Même idée pour les repères de crues, des symboles intéressants à prévoir dans l’espace public. Sans oublier le rôle des associations d’histoire locale : « Elles peuvent témoigner du vécu des crues historiques, ça marque plus si ce sont des personnes qui en parlent ».
Mieux connaître la nature pour la respecter
La table voisine parle de sensibiliser les habitants du futur quartier nature. « Une fois que le site sera livré, les professionnels partent. Comment faire en sorte que les habitants prennent le relais pour protéger le patrimoine arboré installé ? » demande Sylvanie Gréé, paysagiste du projet de Pirmil Les Isles. En ville, branches cassées et blessures variées font que l’arbre ne vit en moyenne que 15 ans ! « Si ce sont les seuls services de la ville qui gèrent, ça ne suffit pas, les gens ne s’en sentent pas responsables », souligne par expérience une technicienne de la ville de Rezé. « Mais en tant que particulier, comment je sais si un arbre va mal ? A qui m’adresser ? », rétorque une participante. « Pourquoi ne pas nommer un référent de quartier qui soit protecteur de ce patrimoine ou des personnes dans chaque syndic ? » suggère un citoyen. Pour gagner en connaissance, il y a aussi l’école et les sciences participatives. « C’est ce que nous avons fait ce matin en découvrant les jardins test de la future ZAC, souligne la paysagiste. Mais un arbre, c’est banal. Pour le protéger, la pression sociale ne suffit pas, il faut que ce soit désirable d’en prendre soin. »
La ville-nature de demain, un vrai défi
Avec ses 8000 arbres déjà mis en production à partir de graines locales, Pirmil Les Isles sera un prototype de ville-nature. « Ce que nous allons faire ici pourrait être dupliqué ailleurs dans la métropole, souligne Sylvanie Grée. On parle d’intensifier la place de la nature en ville, mais il faut aussi faire avec un contexte plus difficile et moins d’eau. A Pirmil-Les Isles, on veut diviser par 4 les apports en eau des végétaux les premières années et se passer d’arrosage à terme. On doit donc créer des milieux capables de s’adapter, pas importer des palmiers ! » Selon la paysagiste, la ville nature de demain « ne sera pas exotique et il faut acclimater les habitants avec l’idée. D’où l’enjeu de les amener à mieux comprendre notre approche dans les jardins test du site : celui de la cale Aubin en bord de Loire et celui sur le site de Transfert. »
La conteuse Frédérique Soulard a sorti son chariot de plantes. Il est temps maintenant d’écouter ses histoires de vivant végétal avec son travail sur Belles de bitume. « Il était une fois, un arbre gigantesque à deux branches… » Et l’on découvre alors que la nature est pleine de poésie, même le tableau de classification botanique !
En pratique : Le Grand débat se poursuit, retrouvez les prochains rendez-vous sur l’agenda et postez votre contribution avant le 9 juillet prochain.
crédits photos : G. Satre