Balade urbaine : à la rencontre des pratiques libres
Durant trois samedis après-midi, l’équipe en charge de la démarche participative autour du projet du Fercam s’est rendue sur les spots de pratiques sportives libres à la rencontre des pratiquants et des pratiquantes. Retour sur cette première étape de dialogue en marchant pour penser le futur équipement multi-pratique en partie couvert qui sera situé au bout de l’île de Nantes.
« On est de plus en plus à faire des activités dehors et on est dépendant de la météo : avoir une longue bande de béton lisse pour rouler et prendre de la vitesse à l’abri de la pluie, ça serait génial. » Pour Nina, une rolleuse rencontrée lors de l’une de nos balades, les espaces urbains sont depuis toujours des espaces partagés avec d’autres, avec les skateurs et les trottinettes bien sûr mais aussi, en particulier, devant l’école des Beaux-Arts avec les danseuses de k-Pop qui se rassemblent par petits groupes pour répéter leur “choré” devant les vitres qui font office de miroir.
Cette inventivité est l’un des traits partagés par tous ces sports urbains pratiqués dans l’espace public : faire avec les moyens du bord, s’adapter à l’espace pour mieux se l’approprier. Comme l’explique Jules, amateur de parkour(1) croisé sur l’esplanade des Traceurs de coques, près de l’espace Alice Milliat : « En fonction de ce que l’on trouve, on va être obligé de grimper plus haut, de sauter plus loin… Dans la rue, il n’y a pas de normes, il faut toujours s’adapter à l’espace ». Dans la philosophie des adeptes de glisse urbaine, cette inventivité se décline par la promotion d’un esprit DIY, pour “Do it yourself”, en bref un mélange de débrouille et d’autonomie : « Les skateurs aiment bien bricoler leurs modules, mettre eux-mêmes la main à la pâte », souligne Thomas, rencontré à “VG”, le skatepark situé à l’arrêt Vincent Gâche, dont une partie a été aménagée par Vincent Plage, une association de skateurs qui invite chacune et chacun à venir “claquer sa planche avec nous”.
Dans une dynamique d’“aller vers”, l’équipe en charge de la démarche participative autour du projet du Fercam a choisi d’aller à la rencontre des adeptes des sports libres directement sur leurs lieux de pratique dans l’espace public. Les échanges avec les pratiquants lors de ces balades urbaines ont permis d’identifier les fondamentaux de chaque discipline et de comprendre concrètement les besoins. Un cran plus loin, il s’agissait d’imaginer les croisements possibles des pratiques dans la perspective des futurs aménagements du hangar Fercam.
Fercam : “Imaginons ensemble le futur lieu multi-pratique sportives libres !” |
Parmi les quelque 50 pratiquants et pratiquantes que nous avons croisés durant ces balades, nous avons aussi échangé avec le monde de la grimpe et de l’équilibre. Parmi les grimpeurs, les plus chevronnés se retrouvent pour des séances en plein air du côté de la carrière Misery, en bas du quartier Chantenay : « L’escalade, c’est un bon esprit de groupe : quand on grimpe, avec les voisins, on discute, on se donne des conseils », raconte Hervé. C’est ce même état d’esprit de partage et de convivialité qu’on a retrouvé exprimé chez les “slackeurs”(2) et les amateurs d’accroyoga(3) croisés au parc du Crappa, situé à l’extrémité de l’île de Nantes : « Une bonne séance, c’est ce qu’on appelle “une jam” : on rigole et on prend du bon temps », assure Patty qui pratique l’accroyoga, cette activité proche du cirque qui se déroule généralement à deux avec un porteur et un voltigeur.
Faire ensemble, partager l’espace, se croiser… Pour ce pratiquant de “street workout”(4) croisé à “VG”, c’est ce qui fonde l’esprit “street” : « L’été ici, ça ramène les bières, le barbecue ; c’est un bon délire. » Néanmoins, certaines pratiquantes, notamment des skateuses ou des danseuses, nous ont aussi confié ne pas se sentir toujours très à l’aise dans ces espaces urbains souvent très masculins. Cela pose la question cruciale de la capacité du Fercam à être non seulement un lieu multi-pratique, mais aussi et surtout un lieu inclusif. C’est toute l’ambition de la démarche.
Quelques repères sur les pratiques libres Le langage de la “street” a ses codes qu’on vous décode ci-dessous : (1) Le parkour est une méthode d’entraînement pour franchir toutes sortes d’obstacles dans des environnements urbains ou naturels, comme les forêts. Les pratiquants sont dénommés “traceurs”. (2) Le slackeur est un pratiquant de slackline, sangle élastique utilisée pour du funambulisme amateur accrochée entre des poteaux, des arbres, etc. (3) L’accroyoga est une discipline qui mélange le yoga, les acrobaties, le massage thaï et dans certains cas la danse. (4) Le street workout (littéralement “entraînement de rue”) est un sport mêlant la gymnastique et la musculation qui, mélangeant figures de force, de souplesse et d’équilibre, utilise le poids du corps pour se muscler. Sa particularité ? S’emparer des mobiliers urbains pour les détourner à des fins sportives : bancs, barres, poteaux, structures urbaines de jeux pour enfants |