Assises des solidarités : « Renforçons nos liens partenariaux au service de projets solidaires concrets »
Le crédit municipal de Nantes est implanté au 2, rue Marcel Paul, près du mail Picasso
Jean-François Pilet est le directeur du Crédit municipal de Nantes, établissement public de crédit à vocation sociale présidé par la Maire de Nantes, Johanna Rolland. Prêt sur gage, microcrédit, cette banque un peu particulière est un acteur majeur des solidarités locales. Il attend des Assises des nouvelles solidarités qu’elles renforcent les liens et fassent émerger des partenariats locaux au service de projets concrets de transition.
Quelle est l’activité du Crédit municipal de Nantes ?
D’abord, nous faisons du prêt sur gage : nous prêtons de l’argent en échange du dépôt d’objets de valeur, le plus souvent des bijoux. Nos clients sont généralement des personnes en difficulté financière, des femmes en majorité, des personnes d’origine étrangère, mais aussi parfois des chefs d’entreprise qui ont besoin de boucler des plans de financement. 10 000 contrats sont conclus en moyenne chaque année pour un dépôt moyen de 900 €. Nous proposons aussi du microcrédit, en partenariat avec les travailleurs sociaux du Centre communal d’action sociale (CCAS) de Nantes. Le plus souvent, il permet d’acheter le véhicule indispensable pour travailler, financer un permis de conduire ou un équipement ménager indispensable (frigo…). Nous réalisons plus de 500 microcrédits par an environ d’un montant moyen de 3 000 €. Nous prêtons aussi au tissu associatif. Enfin, nous sommes une banque proposant de l’'épargne solidaire: chaque déposant finance l’activité sociale de l’établissement et peut faire don d’une partie des intérêts à des organismes locaux d’intérêt général comme Atao Insertion, Tissé Métisse… Nous nous proposons enfin de la micro-épargne.
Quel impact a eu la crise sanitaire sur votre activité ?
Notre activité de prêt sur gage s’est réduite de 7% en 2020 en regard de 2019, avec un nouveau départ à la hausse depuis juillet 2021. Nous constatons un allongement du délai de remboursement, passé de 10 mois à 15 mois en moyenne, et qui témoigne des difficultés financières de nos emprunteurs. Concernant le microcrédit, la Ville de Nantes a choisi de prendre en charge les intérêts et fraisde dossier pour en faire un crédit à 0% dès le début de la crise sanitaire. Pour autant, le nombre de microcrédits est en recul. Dans le même temps, les aides d’urgence délivrées par la Ville ont augmenté. C’est le signe d’un appauvrissement des ménages les plus en difficultés qui ne peuvent même plus emprunter sous cette forme, pourtant aidée. Notre activité est un miroir de l’évolution de la pauvreté à Nantes.
Qu’attendez-vous des Assises des nouvelles solidarités ?
C’est d’abord l’occasion pour combler un certain déficit de notoriété : nous sommes un acteur important des solidarités locales mais nos solutions restent encore méconnues. J’espère aussi que ces Assises vont permettre de créer encore de nouveaux liens entre acteurs. Nous avons un lien historique avec le CCAS de Nantes, celui de Saint-Herblain, mais peu avec les bailleurs sociaux par exemple. Nous devons étendre notre action au-delà des grandes villes (le Crédit municipal de Nantes opère aussi sur Rennes, Angers et Tours) pour que chaque habitant puisse bénéficier de nos services au même titre que les Nantais.
Souhaitez-vous porter un message particulier dans le cadre des Assises ?
Un projet nous tient particulièrement à cœur : accompagner les ménages les moins aisés pour qu’ils puissent s’équiper en véhicule propre, plus écologique. Nous allons expérimenter ce projet sur les 3 prochaines années avec plusieurs partenaires. Mais pour qu’il soit viable, il faudrait que les bailleurs sociaux installent des bornes de recharge électrique par exemple dans leurs garages. Donc mon message, c’est renforçons nos liens, déjà très développés à Nantes, pour aller encore plus loin au service de projets solidaires concrets comme celui-ci.
En savoir plus : https://creditmunicipal-nantes.fr/