Assises des nouvelles solidarités : « Les dispositifs solidaires sont encore trop cloisonnés »
Le Bus du cœur fête ses 30 ans à Nantes
Anne de Cadeville est responsable adjointe des Restos du Cœur de Loire-Atlantique qui regroupe plus de 2000 bénévoles, accompagne 27 000 personnes et distribue 2 millions de repas par an. Elle témoigne de l’ampleur des besoins et souligne combien, au-delà de la distribution alimentaire, l’association lutte contre l’isolement des personnes.
Quelle est l’activité des Restos du Cœur à Nantes ?
Nous avons 2 centres de distribution nantais (Benelux et Dalby) et 2 en bordure de Nantes (Saint-Herblain et Saint-Sébastien-sur-Loire) qui touchent des Nantais. Notre point de départ est l’aide alimentaire, mais nous profitons de ces distributions pour proposer d’autres activités : des ateliers de français, des consultations juridiques, des services de coiffure, du soutien informatique… tout ce qui aide la personne à mieux s’en sortir dans sa vie quotidienne. Nous organisons aussi des départs en vacances pour les familles. Nous sommes également acteur de l’hébergement d’urgence avec La Maison de Coluche qui fait partie du dispositif du 115, un accueil de jour pour les femmes et 43 logements en sous-location, les Toits du Cœur. Enfin, nous agissons pour l’emploi avec 40 salariés en réinsertion professionnelle, qui travaillent au sein de notre entrepôt départemental et dans un jardin.
Comment pensez-vous contribuer sur ces Assises ?
On a rédigé un cahier d’acteurs sous l’angle de la lutte contre l’isolement. L’un de nos projets phares est la création d’une Maison du Cœur qui doit ouvrir en 2023 sur le quartier de Bellevue : ce sera un tiers-lieu solidaire ouvert sur le territoire où nous regrouperons notre accueil de jour pour les femmes, du soutien à la parentalité et une distribution alimentaire. Parmi nos engagements il y a aussi une alimentation de qualité avec notamment l’ouverture d’un nouveau jardin d’insertion. Pour être au plus près des besoins, nous avons fait une enquête auprès des personnes accueillies l’été dernier et associé certaines d’entre elles à la rédaction de ce cahier d’acteurs.
Avez-vous un message particulier à faire passer ?
Nous sommes sur l’accompagnement alimentaire et plus généralement sur l’aide à la personne. Nous pensons néanmoins que la première violence sociale est de ne pas avoir de logement, d’avoir un hébergement discontinu ou précaire. C’est pourquoi, avec la Maison de Coluche et les Toits du Cœur nous essayons d’âtre au plus près des besoins des personnes en grande précarité. Autre préoccupation : le soutien psychologique pour lequel nous recherchons de nouveaux partenariats. Les nouvelles solidarités seront nécessairement plurielles.
A Nantes, le bus du cœur a 30 ans.Au nom des 141 bénévoles mobilisés, Paul Guillou témoigne de l’offre du bus du cœur qui sillonne Nantes depuis 30 ans et distribue en moyenne 180 repas par soir. Comment est né le bus du cœur ?C’est une initiative de Denise Mariaud, bénévole aux Restos du cœur, dont le fils Romuald participe toujours au bus. Elle a proposé d’aller en fourgonnette au devant des gens de la rue, qui ne venaient pas forcément sur nos points de distribution alimentaire. Au départ, c’était 2 fois par semaine. Maintenant c’est du lundi au vendredi avec 2 étapes : Pirmil de 20h à 20h45 puis Talensac de 21h à 21h45. Qu’y proposez-vous ?D’abord, c’est un accueil inconditionnel : on sert toute personne qui vient, sans demander de justificatif. C’est un repas avec un sandwich, un œuf, un yaourt, un fruit ou un gâteau et une boisson chaude : soupe, café, chocolat. Au delà de l’aide alimentaire, c’est une aide globale à la personne, un temps d’échange pour orienter les personnes vers les bons partenaires, selon leurs besoins. Nous distribuons aussi des kits d’hygiène 1 fois par mois et des vêtements adaptés au grand froid l’hiver. La demande a-t-elle évolué au fil du temps ?Il y a 3–4 ans, c’était 120 repas par soir, contre 180 en moyenne aujourd’hui. Pendant la crise sanitaire, nous n’avons fermé qu’une semaine et distribué des sacs, plutôt en mode épicerie. Nous avons aussi vu arriver des jeunes, des étudiants… Quels sont vos projets pour les années à venir ?Nous aimerions proposer des repas chauds plutôt que froids, ce qui va nous obliger à revoir toute notre organisation. Nous y travaillons avec l’idée de récupérer des repas non servis dans les cantines collectives. Pour l’instant, nous sommes en recherche d’un ou plusieurs partenaires qui nous céderaient ces repas non consommés. L’info en + : Le bus du cœur fête ses 30 ans le lundi 23 mai à 20h à Talensac avec la Chorale Au clair de la rue. |
En savoir plus sur Les Restos du Cœur : https://www.restosducoeur44.org/