Assises des nouvelles solidarités : l’atelier citoyen « Engagement » rend son avis aux élus

Nantes Nantes Métropole, le 3 juin 2022

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Après quatre ateliers d’échanges autour de l’engagement solidaire, les citoyens ont livré leurs propositions aux élus mardi 31 mai.

Ils sont psychologue, auxiliaire de puériculture, assistante comptable, gérante d’une entreprise de services à la personne, agent de tranquillité publique… 23 citoyens volontaires aux âges et aux parcours de vie variés, tirés au sort dans le cadre de l’enquête « Inégalités, solidarités et engagement » menée auprès de 1100 Nantaises et Nantais par l’institut TMO en novembre 2021, ont réfléchi collectivement à l’engagement solidaire.

Accompagnés par deux sociologues et un designer lors de quatre ateliers, ils devaient répondre aux questions posées par les élus : « Pour quelles raisons s’engage-t-on ? À quelles conditions ? Qu’est-ce qui peut encourager le développement de l’engagement ? Quels sont à l’inverse les freins à lever ? ». Réunis à l’Hôtel de Ville mardi 31 mai, les citoyens ont présenté 23 propositions, sur les 54 figurant dans le rapport, pour un territoire plus solidaire à Bassem Asseh, premier adjoint au maire en charge du dialogue citoyen, et Abbassia Hakem, adjointe en charge des solidarités et de l’inclusion sociale.

« Repenser le rapport entre habitants et institutions »

« La précarité et l’isolement social sont une des dimensions des solidarités mais nous en dépendons tous collectivement, il n’y a pas d’un côté les personnes précaires et isolées et de l’autre le reste de la société, souligne Jean-Siméon. Nous avons donc élargi le terme. Nous avons beaucoup parlé de l’individualisme dans notre société. » Premier thème développé : « Repenser le rapport entre habitants et institutions ». Les citoyens souhaitent sortir d’une démarche verticale de prise de décision pour aller vers plus d’horizontalité en s’appuyant sur leur expérience. Ils proposent la création d’un métier de gestionnaire de cas pour les situations complexes. L’atelier rappelle également la nécessité d’informer les populations précaires de leurs droits.

Sur le volet environnemental, les citoyens soulignent la nécessité de prendre des décisions radicales. Ils souhaitent encourager les filières d’agriculture locale à l’échelle de la Ville et sensibiliser dès le plus jeune âge à d’autres modes de consommation. L’atelier propose également de soutenir et contrôler les entreprises qui adoptent un modèle innovant de fonctionnement dans le cadre de l’économie sociale et solidaire (ESS). « Il faut plus de contrôle car il y a beaucoup de communication et peu de concret sur la mise en place d’une réelle responsabilité sociétale des entreprises (RSE), rapporte Cécile. Nous considérons également que la Ville doit s’engager à travers ses contrats publics en valorisant des entreprises solidaires. »

« Développer les jardins partagés et les espaces de solidarité »

Pour « favoriser le développement du lien social », leur deuxième thématique, les citoyens entendent poursuivre la création de jardins partagés dans les quartiers et souhaitent encourager les réseaux d’entraide entre voisins. « Il faut développer le lien en face à face et de façon indirecte en proposant des boîtes pour y laisser des messages ou déposer des dons alimentaires et des livres », précise Aminata. Ils proposent également la création de lieux de solidarité ouverts à tous « pour favoriser une entraide horizontale plutôt qu’une assistance aux plus précaires ».

Composé de plusieurs personnes issues des métiers du soin, le groupe rappelle que « l’engagement solidaire ne concerne pas que des personnes engagées volontaires et bénévoles associatifs mais aussi les personnes qui travaillent à prendre soin des autres ». Leur troisième thème est donc consacré à « reconnaître le rôle essentiel des métiers du Care* » avec la nécessité de revaloriser ces métiers au niveau national et de s’engager à l’échelle locale pour de meilleures conditions de travail. Sur le quatrième volet « encourager les dynamiques d’engagement », l’atelier propose de systématiser les ateliers pédagogiques d’éducation civique et de découverte des institutions dès le plus jeune âge. Parmi les autres pistes de réflexion : faire connaître les initiatives solidaires via l’application Nantes dans ma poche et valoriser l’expérience bénévole notamment sur le CV. Dans le cinquième et dernier thème « Soutenir l’engagement et le désengagement », les citoyens rappellent la difficulté de concilier famille, travail, vie sociale et solidarité. Ils proposent notamment de développer le bénévolat en lien avec les activités scolaires et le mécénat d’entreprise. Tout en rappelant que certaines personnes s’engagent depuis leur domicile.

« On avait tous une voix »

Après plus de deux mois de travail commun, les participants tirent un bilan positif de cette expérience qui leur a permis de « sortir de leur bulle ». « Nous avons mené des échanges riches en confrontant toutes nos idées, je sors grandie de ces assises », témoigne Cécile. « Du plus taiseux au plus bavard, on avait tous une voix, ajoute Edwige. Introvertie, je n’ai pas toujours l’occasion de m’exprimer et j’ai trouvé cette expérience très libératrice. »

Les élus saluent leur travail. « Ce sont des sujets complexes, il faut beaucoup d’efforts pour que le lien se construise, souligne Bassem Asseh. Ce qui fait la richesse d’une société, c’est ce type de rencontres avec des gens qui ne se seraient pas croisés autrement. Merci pour ce que vous avez fait. »

Les propositions de l’atelier seront présentées lors de l’évènement Nantes Solidaires les 10 et 11 juin au Solilab. Cet avis citoyen est une contribution importante et sera intégré au rapport final qui sera publié fin 2022.

Ce rapport sera instruit politiquement et un « Pacte nantais des nouvelles solidarités » sera adopté en 2023 avec la mise en œuvre d’un appel à projets « Nouvelles solidarités ».

* Care : prendre soin de l’autre