Assises des nouvelles solidarités : « La crise a renforcé l’isolement des personnes allophones »

Nantes Nantes Métropole, le 25 février 2022

Nadia

A gauche Nadia Al Soleman, à droite Émilie Trevien

Nadia Al Soleman est fondatrice et directrice de l’association pour la réussite des étudiants allophones (AREA). Émilie Trévien est professeure de français langue étrangère au sein de l’association. Ensemble, elles témoignent de l’isolement des familles qui parlent une langue étrangère et ne maîtrisent pas le français, isolement renforcé par la crise sanitaire. Elles espèrent bien que ces Assises des nouvelles solidarités permettent de créer du lien entre acteurs nantais, au bénéfice du public qu’elles accompagnent.

Qu’est-ce que l’AREA ?

L’association pour la réussite des étudiants allophones (AREA) est née en janvier 2021, en pleine crise sanitaire. Nous accompagnons des enfants du primaire au lycée dans le cadre des programmes de réussite éducative (PRE) pour favoriser leur autonomie dans le travail scolaire. Pour cela, les enfants doivent maîtriser la langue et leurs parents doivent aussi comprendre le système scolaire français. L’objectif est de créer un cercle vertueux qui relie les parents, les élèves et l’école. Nous partons donc d’abord d’une écoute individuelle des familles pour bien repérer leurs besoins, puis nous leur proposons des cours, des animations de découverte de la ville et des formations, à la fois aux enfants et aux parents. Aujourd’hui, nous suivons une trentaine de familles à différents stades de leur intégration.

Comment les publics que vous accompagnez ont-ils vécu cette crise ?

Ces familles allophones vivent déjà dans l’isolement : comme elles ne maîtrisent pas la langue française, elles sont isolées au plan social, culturel et scolaire et se cantonnent souvent à leur communauté linguistique. La crise et les confinements ont encore accentué cet isolement : les enfants n’avaient plus personne à qui se référer pour leur scolarité même si nous avons poursuivi l’accompagnement, la plupart des familles ne disposaient pas d’outil informatique pour suivre le travail scolaire. Avec la crise, de nombreux enfants allophones n’ont pas pu bénéficier des unités pédagogiques pour élèves allophones arrivants (UPE2A) et ont été directement intégrés dans des classes ordinaires. Ils ont perdu un temps précieux pour mieux maîtriser la langue et se choisir un avenir professionnel, non pas en fonction de leur pratique du français, mais bien de leurs compétences.

Qu’attendez-vous de ces Assises ?

Pour nous, c’est une occasion unique pour connaître ce que proposent les autres associations et nous permettre de mieux orienter notre public. Les parents allophones manquent de confiance car ils ne maîtrisent pas la langue : devenir bénévole, s’intégrer à la communauté scolaire, participer à des activités culturelles… sont autant de manières pour eux de gagner en autonomie et de créer des liens.

Avez-vous un message, une proposition à porter plus particulièrement ?

Aller chercher l’information auprès des autres associations et institutions nous prend beaucoup de temps, mais c’est indispensable pour bien accompagner notre public. Ce serait bien d’avoir un référent dans chaque association qui puisse faciliter le contact et la communication avec les autres associations. Et pourquoi pas non plus imaginer des projets ensemble ?

En savoir plus sur l’association pour la réussite des étudiants allophones : https://www.facebook.com/associationareanantes/